Martinique : la lutte contre la vie chère, entre répression et revendications sociales

Depuis le 1er septembre, la Martinique est secouée par un mouvement de protestation contre la vie chère, une lutte qui fait écho à des mobilisations similaires remontant à plusieurs décennies. Si cette fois-ci le mouvement a été initié par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), un collectif récemment formé, il s’inscrit dans une longue tradition de contestation sociale contre les inégalités économiques qui frappent l’île.

Le coût de la vie en Martinique est un sujet récurrent, avec des prix atteignant jusqu’à 200 % de plus qu’en métropole pour certains produits alimentaires. La différence est en grande partie due à la domination des grands groupes de distribution, principalement contrôlés par les descendants des colons, appelés békés. Ceux-ci ont su maintenir un modèle économique qui profite d’un réseau complexe d’intermédiaires, souvent contrôlés par les mêmes acteurs à plusieurs niveaux (grossistes, semi-grossistes, détaillants). Cette structure leur permet de gonfler les prix à chaque étape de la chaîne de distribution, un système que Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGT Martinique (CGTM), qualifie de « racket ».

Face à cette situation, la CGTM met l’accent sur une autre revendication clé : l’augmentation des salaires et des pensions. Le syndicat, qui a une longue histoire de lutte pour les droits des travailleurs, considère que les bas revenus sont la cause principale de l’appauvrissement des populations locales. Jean-Marie rappelle que, malgré des mobilisations historiques comme celle de 2009 qui avait conduit à certaines concessions, la situation a empiré. Les grands groupes ont rapidement récupéré les pertes consenties, tandis que les salaires n’ont que très peu évolué.

Malgré l’émergence du RPPRAC, la CGTM poursuit sa propre stratégie, notamment par des grèves et des débrayages dans les supermarchés du Groupe Bernard Hayot, le plus grand conglomérat de l’île. Pour Jean-Marie, la lutte contre la vie chère ne se résume pas à une simple réduction des prix mais nécessite une augmentation générale des revenus. La répression étatique, marquée par l’envoi de CRS et l’instauration de couvre-feux, ne fait qu’alimenter la colère populaire.

La question de l’octroi de mer, une taxe historique sur les produits importés, est également évoquée, mais la CGTM considère que son impact sur les prix est minime par rapport aux marges excessives pratiquées par les distributeurs. Si l’État souhaite la supprimer, le syndicat préconise de la remplacer par une dotation globale, similaire à celle appliquée dans l’Hexagone.

Alors que les négociations semblent au point mort, l’annulation d’une table ronde prévue le 15 octobre accentue le sentiment de blocage. La grande distribution reste inflexible, tandis que la collectivité territoriale tente d’apaiser les tensions en supprimant l’octroi de mer sur certains produits de première nécessité. Néanmoins, pour la CGTM, sans une augmentation significative des revenus et une régulation stricte des marges pratiquées par les distributeurs, aucune solution durable ne pourra émerger.

Dans ce contexte de frustration sociale, la CGTM et le RPPRAC, bien que distincts dans leurs approches, partagent un même objectif : dénoncer un système économique inéquitable et appeler à une justice sociale pour les populations les plus vulnérables de la Martinique.

Jean Samblé

 

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Martinique, changer de modèle
— Par Jean-Pierre Maurice
Réveillez-vous !
Tel est l’appel, fait aux responsables locaux ou nationaux, afin d’apporter un élan nouveau à notre territoire Martiniquais.
Car par ici, beaucoup s’étaient endormis, abandonnant l’île à tous les appétits, oubliant allègrement leur devoir de s’engager au bénéfice du progrès réel de leur population.
Bien-sûr, il faut bien le reconnaître, cette secousse sociale et politique que nous vivons actuellement arrive au plus mauvais moment, celui d’une France appauvrie, elle-même à la poursuite des conditions de sa survie.
Mais qu’importe, il ne nous reste plus qu’à retrousser nos manches, afin de changer enfin -tous ensemble- notre modèle de développement.
Il ne nous reste plus qu’à retrousser nos manches, afin que ce vigoureux coup de semonce de la rentrée de septembre-octobre 2024 permette d’inverser le mouvement de notre déclin.
Octobre 2024