Jusqu’au 15 décembre 2018 Tropiques-Atrium
—Par Christian Antourel —
Pris par le rythme effréné de l’art contemporain, il est agréable parfois d’arrêter le temps et de se mettre quelques standards sous la dent. L’exposition de Martine Jéchoux Baker est proprement jubilatoire.
Son œuvre raconte une histoire qui brille, qui brûle, incandescente. C’est un manifeste en faveur d’une imagination active, seule capable de transformer une situation concrète en possibilités multiples. Happée par les beautés de sa créativité, l’exposition vire à un esthétisme qui rend l’âme visible. Entre réalisme ordinaire et imaginaire, l’artiste choisit tout particulièrement l’imaginaire comme alternative à la désillusion réaliste…et l‘espace et le temps deviennent relatifs comme un instant d’éternité suspendu en vol. Il semble qu’elle fasse appel , telle une prêtresse de la terre , aux forces de la nature. Quand Martine Baker se fait démiurge, un magma créatif fulgurant jaillit des entrailles de la terre . Elle en décline toutes les variations : pays d’accueil en même temps qu’instrument de création, tout autant que notion de mémoire et de richesse souterraine. La mythologie se prête très bien à cet imaginaire tellurique, tel Antée qui en appelle au contact de la terre car chaque fois qu’il la touche, il renouvelle ses forces. Née de l’argile à l’épreuve du feu, chacune des pièces de Martine Baker est le résultat d’une bataille intense et sensuelle avec la matière jusqu’à ce que la forme aux textures craquelées apparaisse. La céramique, précisément le Raku art ancestral japonais est son médium de prédilection. Au-delà de sa dimension spirituelle ou philosophique le Raku restera avec le tour de main l’expression de l’art et de la manière, il délivre à l’artiste une puissance immédiate mais délicate, profuse et sympathique.
Née de l’argile à l’épreuve du feu
Ce processus de création qui voit se transformer la matière, d’une pâte informe à, un objet réalisé de toute beauté allie l’esthétique de son résultat à la force qui a présidé à sa forme. Il s’exprime par une originalité stylistique , dans une ambiance contemporaine et zen, offrant calme et sérénité au regard et à l’esprit. Evoluer parmi les œuvres de la céramiste c’est comme accéder à l’intériorité de cette artiste « la salle de commande » de son esprit où ses désirs, ses réflexions, ses visions et ses centres d’intérêt se rencontrent et interagissent. On peut imagier ses œuvres comme des éclats e miroir qui, lorsqu’on les rassemble, offrent mystérieusement un point de vue sur l’inconscient de l’artiste et peut-être sur d’une certaine façon sur le nôtre. Le plaisir pris à considérer une collection artistique comme « un miroir magique »élargit l’intellect au sensoriel : on peut apprécier les œuvres individuellement, mais aussi les relations qu’induisent l’ensemble et l’énergie que dégagent les juxtapositions aléatoires. Si « le fil conducteur de Baker est l’exploration de la création » alors on peut dire que dans cette exposition elle tient largement les promesses d’un imaginaire créatif qui explose en mille productions empreintes de délicatesse et de subtilité. Ici un parterre de fleurs multicolores, là un massif de bambous totémiques ou encore des feuilles aux ciselures saisissantes de réalisme. Toutes ces œuvres tirées d’un monde hanté d’une même présence, inspiré d’un même visage tellurique, celui de la terre mère, toujours renouvelé.
En pratique !
A Tropiques Atrium
Galerie Arsenec
Jusqu’au 15 décembre 2018
Du mardi au vendredi 13h-
Le samedi 10h-13h
Entrée libre.
Renseignements : 05 96 70 79 29.
Christian Antourel