Marie-Claire Chevalier avait été jugée pour avoir avorté après un viol à l’âge de 16 ans. Défendue par Gisèle Halimi, sa victoire avait rendu possible la légalisation de l’IVG, trois ans plus tard.
Marie-Claire Chevalier, défendue par Gisèle Halimi lors du retentissant procès de Bobigny pour avortement illégal en 1972, est décédée dimanche à 66 ans des suites d’une longue maladie, a-t-on appris mardi 25 janvier auprès de sa famille.
Marie-Claire Chevalier, qui vivait dans le Loir-et-Cher, était devenue une figure de la lutte pour le droit des femmes après son procès à l’automne 1972, dont l’issue avait contribué à rendre possible la loi Veil autorisant l’IVG en 1975. Son avocate de l’époque, Gisèle Halimi, avait alors remporté une éclatante victoire dans un retentissant procès pour avortement au cours duquel cinq femmes étaient jugées. Mineure, Marie-Claire Chevalier avait avorté après un viol et son violeur l’avait dénoncée. Quatre autres femmes, dont sa mère, avaient été accusées de complicité ou de pratique de l’avortement.
La mère de la jeune fille, Michèle Chevalier, avait eu l’idée de faire appel à Me Halimi après avoir lu «Djamila Boupacha», un ouvrage de l’avocate sur une militante algérienne violée et torturée par des soldats français. Me Halimi avait accepté de les défendre, décidant d’attaquer la loi de 1920, qui interdisait la contraception, l’avortement et toute «propagande anticonceptionnelle». Selon son compagnon, Marie-Claire Chevalier avait conservé de bons rapports avec l’avocate. Elle se rendait régulièrement à Paris pour passer la journée avec la militante féministe. L’ancienne aide soignante souhaitait toutefois rester dans l’ombre, selon sa famille. Elle avait changé de prénom à l’issue du procès pour retrouver son anonymat.
Selon Ernestine Ronai, à la tête de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, le procès de 1972 avait été «un combat vraiment très dur» pour la jeune Marie-Claire. «Elle l’a menée courageusement. Ce procès est un symbole et elle a accepté ce que Gisèle Halimi voulait en faire, c’est-à-dire un procès politique pour le droit à l’IVG. À l’époque, ce n’était pas une évidence», a ajouté la militante féministe.
Source : Le Figaro avec AFP