« Marée » & « Insomnie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Marée

Se succèdent les années comme
les vagues de la mer du temps,
grignotant peu à peu la plage
de la vie trop courte d’un homme…

Cette marée, que l’on nomme âge,
n’y laisse que sa grise écume
de souvenirs comme un voyage
dans le passé, teint d’amertume…

Chaque ressac retire alors
un peu de sable au sablier.
Désormais le temps est compté
qui sépare encor de la mort !

Impossible de résister
à cette fatale érosion.
On ne peut que se résigner
en profitant de chaque instant
avant notre disparition…

Insomnie

Si, au cœur de la nuit,
j’ai parfois l’âme en pleurs,
ce n’est point de douleur,
plutôt la nostalgie
des jours heureux enfuis…

Mais déjà c’est trop tard :
dans le flou d’un brouillard
s’effacent et puis s’oublient
les moments d’une vie
dont se perd la mémoire…

Écrire est le moyen
de se sentir vivant
et ralentir le temps
pour retarder la fin
en tuant cet assassin
tant qu’il est encor temps…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET