Marches vers Compostelle, astrologie 2.0, yoga : le renouveau de la croyance au XXIème siècle

Malgré le confinement ce mois d’avril sera très religieux, entre les pâques juive, catholique et orthodoxe, ainsi que le ramadan pour les musulmans. Des siècles de matérialisme n’ont pas fait disparaître un besoin qui apparait fondamental à l’être humain. Mais quand chacun a sa croyance, finit-on par croire n’importe quoi ?

Nous habitant depuis la nuit des temps, plus ou moins consciemment, la croyance ne peut être ignorée, « même par le plus sceptique des sceptiques ou le plus fort des esprits forts », assure le philosophe des sciences Claude Debru dans un dialogue avec le psychanalyste Frédéric-Pierre Isoz : Pourquoi croyons-nous ? Partageant le constat d’une « dimension fondamentale de l’être humain », ils nous ramènent à cette question intemporelle se posant dans la singularité de ce début de millénaire. Une époque désorientée où Nous ne savons plus croire, alerte Camille Riquier, l’auteur des Mémoires d’un imbécile, qui nous voit disposés à croire n’importe comment après des siècles de méfiance dictée par une raison devenue moins convaincante. S’en suivrait « une crise de la vérité » dans laquelle toutes les croyances deviennent possible. Ont-elles pour autant un avenir ?

La croyance face au rationalisme

Pour les psychanalystes Julia Kristeva et Marie Rose Moro, s’impose un besoin intrinsèque à chacun. Avec Grandir c’est croire, elles préviennent que dans la France des lumières, « la croyance revient », notamment par « une jeunesse qui revendique une identité, qui a soif de valeurs, qui se cherche et cherche un idéal ». « Or qui sait parler de dépassement de soi, du désir d’être utile, de cette transcendance horizontale qui anime les êtres humains ? », demande Julia Kristeva. A la Maison de Solenn, centre de soin et de recherche pour l’adolescence, Marie-Rose Moro a accueilli nombre de jeunes s’engageant dans l’islamisme radical, symptôme le plus inquiétant de ce besoin potentiellement explosif.

Aucun ne s’est rendu en Syrie, mais « s’ils avaient été absolument comblés par ce qui leur était proposé par un recruteur sur Internet ou leur environnement, nous n’aurions pas pu les empêcher de partir », avertit-elle. La marque que la croyance touche au rapport à l’autre, à l’appartenance à une communauté de partage. Le processus débute dès le plus jeune âge avec l’entourage, et se traduit par « la capacité psychique de pouvoir tenir quelque chose pour vrai ». Ce qui a tendance à nous faire avancer puisqu’on va éprouver la véracité. Ainsi le besoin de croire « étaye la capacité de savoir et nous permet donc de créer des idées nouvelles », souligne Julia Kristeva, pour qui « l’intégrisme religieux n’est qu’une récupération perverse ».

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