— Par Yves-Léopold Monthieux —
Deux années d’expériences sont peut-être le délai raisonnable préalable à une démission politique. Deux ans, c’est le temps d’expérience qu’il avait fallu à Christian Ursulet avant de quitter le Parti progressiste martiniquais. Il avait rejoint le PPM au terme d’une brillante carrière professionnelle dans l’administration de la Santé, et d’une activité syndicale préalable de premier ordre sur le plan local. Deux années, ce fut la période d’inaction suffisante du conseiller territorial Marcellin Nadeau pour justifier l’abandon de la commission dont la présidence lui avait été confiée à la collectivité territoriale de Martinique (CTM). Par son emphase, la dénomination de cette commission pouvait flatter celui qui en serait le président. Citons : commission chargée de la Transition écologique, énergétique, de la pollution et des mutations climatiques. A l’épreuve, le député Nadeau déplore que les pouvoirs que pouvait suggérer ce titre prometteur sont inversement proportionnels au contenu réel du titre.
Si le mode de fonctionnement de la CTM est celui décrit par Marcellin Nadeau, « il n’y a pas de fonctionnement démocratique à la CTM », ce travers ressemble comme deux gouttes d’eau à la critique essentielle qu’avait faite Christian Ursulet, à l’appui de sa démission du PPM : « Je me sens totalement inutile dans votre organisation ». Ainsi donc, la CTM et le PPM ont deux points communs : le même président et la même méthode. Un président, Serge Letchimy, qui, au PPM, réunit en sa personne les compétences qui étaient jadis réparties entre trois hommes, au moins : Césaire-le-maire-président du PPM, le maire-adjoint Aliker et le Monsieur PPM Darsières. Un président, le même, qui, à la CTM (comme au PPM), est le patron incontesté y compris du président de l’assemblée élue. Jamais un homme politique martiniquais n’a détenu autant de pouvoirs. Des pouvoirs qui seraient toutefois, selon lui, notoirement insuffisants et qu’il voudrait voir augmenter le plus tôt possible.
Parions que la démission de Nadeau ne fera pas bouger d’un poil le Président. Sauf à récompenser peut-être un autre écologiste, Louis Boutrin, celui qui était devenu la bête noire de PPM, mais qui a le bon goût de se soumettre à son nouveau président. Mais celui-ci verra-t-il se transformer en estime, de la part de ce nouveau président, sa salutaire défection de la « Mariejeannienne » ?
Bref, on ne sache pas que le départ du PPM de l’ancien directeur de l’Ars ait fait broncher le Président et troublé le calme plat du parti. On ne devrait pas davantage s’attendre à ce que la démission du député du Nord de la présidence d’une commission de la CTM vienne bouleverser l’ordre moral instauré par Le Président et la docilité kremnilesque de l’assemblée de l’institution.
L’écologie pourra toujours être « présidée » par le cabinet du Président comme c’est le cas pour d’autres commissions, dont celle virtuellement présidée par le patron des Yoles rondes.
Fort-de-France, le 4 septembre 2023
Yves-Léopold Monthieux