Vendredi 19 juillet à 19h30 Centre culturel François Pavilla Trénelle
Par la Cie Téatlari – Théâtre de l’histoire des cultures créoles
Le récit de la tragédie qui marque l’histoire du grand boxeur martiniquais François Pavilla (1937-1968), triple champion de France de boxe des poids welters et super welters de 1964 à 1968, est pour la première fois, porté à la scène théâtrale par son épouse Manuela Pavilla née Graça (1931-2009).
C’est à partir des témoignages des ses proches et partenaires, du Club Spirit of Pavilla des Terres Sainville, des archives de la presse locale et nationale et de la Fédération Française de boxe (palmarès) que J. José Alpha va se nourrir pour créer une biographie romancée de la vie du champion de boxe .lequel tire sa révérence 10 ans après la naissance de la Vème République Française
Distribution : Gladys Arnaud / Eric Bonnegrace / Laurent.Troudard Texte et mise en scène : J. José Alpha (2023)
François Pavilla, né le 10 octobre 1937 à Fort-de-France en Martinique, est une figure marquante de la boxe française. Son parcours, tant sur le plan sportif que personnel, témoigne de la résilience et de la détermination d’un homme ayant surmonté de nombreux obstacles pour atteindre les sommets de sa discipline.
Les débuts et l’ascension
Arrivé à Paris à l’âge de 14 ans en 1951, François Pavilla est poussé par une passion précoce pour la boxe. En 1959, il passe professionnel sous l’égide de Jean Bretonnel, un manager légendaire. Les débuts sont prometteurs, et Pavilla ne tarde pas à se faire un nom sur les rings. Son premier grand succès survient le 13 janvier 1964, lorsqu’il remporte le titre de champion de France des poids welters en battant Maurice Auzel. Ce titre marque le début d’une période faste où il demeure invaincu de 1959 à 1964, une série de succès qui le hisse à la 7e place mondiale en 1964.
Les grands combats
François Pavilla affronte plusieurs grands noms de la boxe de son époque. Parmi ses adversaires notables figurent Maurice Auzel, Curtis Cokes, Lucien Fernandez et Marcel Cerdan fils. Le 9 octobre 1964, il tente de décrocher le titre européen face à l’Italien Fortunato Manca, mais s’incline. Sa confrontation avec Curtis Cokes, le champion du monde unifié, le 19 mai 1967, se solde également par une défaite, bien qu’il réussisse à tenir en échec Cokes lors d’un match nul le 23 janvier 1967 à Paris.
Le dernier combat et la tragédie
Le 29 avril 1968, François Pavilla dispute son dernier combat contre Marcel Cerdan fils au Palais des Sports. La défaite, jugée injuste par les connaisseurs(*), provoque un tollé et une revanche est rapidement convenue. Cependant, ce match n’aura jamais lieu. Pavilla meurt tragiquement le 22 août 1968 des suites d’une opération pour un décollement de la rétine dans une clinique de Poissy. Son décès brutal à l’âge de 31 ans choque le monde de la boxe et déclenche une longue bataille juridique menée par sa veuve pour prouver la négligence médicale. Un procès de plus de 9 ans au bout duquel elle obtiendra gain de cause. L’histoire de François Pavilla est digne d’un
long métrage chargé en émotion. Une histoire d’amour, une passion, un drame… un petit bonhomme noir, sorti de son île, devint champion parmi les champions.
Héritage et mémoire
Malgré une carrière écourtée, François Pavilla laisse un héritage durable. En Martinique, une rue et un stade portent son nom, perpétuant le souvenir de ce champion. Sa contribution à la boxe française, marquée par un palmarès de 52 combats (42 victoires, 5 défaites, 5 nuls), reste un exemple d’excellence et de persévérance.
Vie personnelle et anecdotes
Au-delà du ring, Pavilla a également fait des apparitions au cinéma, notamment dans « Vivre pour vivre » de Claude Lelouch aux côtés d’Yves Montand et Annie Girardot. Il a aussi tourné dans des publicités pour des marques comme La vache qui rit et Oncle Ben’s. Sur le plan personnel, François Pavilla était un père de famille dévoué, marié et père de cinq enfants, pour lesquels il boxait afin de subvenir à leurs besoins.
Une vie d’exil et de lutte
L’histoire de François Pavilla est également celle de nombreux Antillais de son époque. Arrivé en métropole dans les années 1950, il fait partie de cette génération de migrants venus d’outre-mer à qui l’État promettait opportunité et vie meilleure. Cependant, ils ont souvent dû lutter contre l’exil et la misère. Pavilla, grâce à la boxe, parvient à se sortir de la pauvreté, incarnant l’espoir et la détermination de ceux qui ont cru en un avenir meilleur.
François Pavilla demeure une figure inspirante, un symbole de la lutte et du succès face à l’adversité. Son parcours exceptionnel, tant sportif que personnel, continue d’inspirer et de rappeler les défis surmontés par ceux qui ont quitté leur terre natale pour réaliser leurs rêves.
(*)« Cerdan fils ne fait pas le poids. Son nom attire l’argent et lui vaut les faveurs des arbitres. Mais son absence de punch condamne ses rêves de titre mondial… » par Michel Chemin dans un article de Libération en date du 4 mai 1998