Le dimanche 10 novembre, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de Paris pour dénoncer la vie chère qui frappe durement les territoires d’Outre-mer. Ce mouvement de protestation, porté par des associations antillaises et kanakes ainsi que par la diaspora ultramarine, a défilé sous un ciel gris, mais avec une détermination sans faille. Le cortège, marqué par la couleur rouge, symbole de la lutte, s’est élancé depuis la place Denfert-Rochereau, en direction du ministère des Outre-mer.
Malgré la fraîcheur automnale, l’ambiance était festive mais résolue, ponctuée par des airs de musique antillaise et les moteurs rugissants d’une cinquantaine de motos qui ont accompagné les manifestants dès le début du défilé. Des drapeaux de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Kanaky (Nouvelle-Calédonie) flottaient dans les airs, tandis que des pancartes aux messages forts étaient brandies tout au long de la marche. « Ensemble nous sommes plus forts », proclamait l’une d’elles, en créole.
Les manifestants ont exigé une réelle prise en compte de leurs conditions de vie, particulièrement en matière de prix des produits de première nécessité. La Martinique, par exemple, connaît des coûts alimentaires 40 % plus élevés qu’en métropole, ce qui pèse lourdement sur le quotidien des habitants. « Aujourd’hui, on ne veut plus payer plus cher que les autres », scandaient certains participants, brandissant des pancartes dénonçant l’injustice sociale et économique de cette situation.
À la tête du cortège se trouvait Rodrigue Petitot, une figure du mouvement contre la vie chère en Martinique et leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), organisateur de cette manifestation. Lors d’un discours passionné, il a martelé : « Cette fois-ci, ils ont la démonstration que le peuple est vent debout et que cela ne se calmera pas tant que nous n’aurons pas de vraies solutions. » Il a également critiqué la réponse insuffisante des autorités françaises face aux demandes des ultramarins, affirmant que le mouvement ne se contenterait pas de « pansements sur des pansements », mais réclamerait des réformes structurelles pour une justice sociale durable.
L’appel à la mobilisation est né dans un contexte déjà tendu en Martinique, où des manifestations violentes ont éclaté depuis septembre. Après des négociations qui ont conduit à une réduction partielle des prix de certains produits alimentaires, le RPPRAC a jugé cet accord insuffisant. « Cela ne concerne que 6.000 produits, il en reste encore 33.000 à réajuster », a insisté André Bazin, président de l’association Ultramarin Doubout. « Nous demandons que tous les produits alimentaires soient alignés sur les prix de métropole », a-t-il ajouté, soulignant que cette lutte était avant tout un combat pour les droits humains.
Le soutien aux manifestants venait aussi de ceux qui, bien qu’éloignés géographiquement, ressentent la souffrance de leurs proches en Outre-mer. F.C., habitant de la région parisienne, a expliqué sa présence : « Il faut se battre pour eux ici. Ils souffrent, et le gouvernement doit prendre conscience qu’un peuple se bat pour sa dignité. » MFR, native de la Martinique, n’a pas caché son indignation face à la situation : « C’est hallucinant, tout est plus cher là-bas, même envoyer un colis coûte une fortune à cause des taxes. »
Cette manifestation était probablement la dernière étape du collectif RPPRAC en métropole avant son retour en Martinique, mais les revendications demeurent pressantes. Le gouvernement français devra répondre à un appel de plus en plus unanime, celui d’un peuple ulcéré par les inégalités persistantes et prêt à se battre pour un changement véritable.