Mais qui gère l’Eau en Martinique ?

— Par Florent Grabin de l’ Association écologique P.M.A. —

Depuis 1993, la journée mondiale de l’Eau a lieu le 23 mars de chaque année. ’est une célébration des Nations Unies qui met l’accent sur l’importance de l’Eau douce.

La Journée mondiale de l’Eau célèbre l’Eau et sensibilise à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent sans accès à de l’Eau salubre. Il s’agit de prendre des mesures pour lutter contre la crise mondiale de l’eau. L’un des principaux objectifs de la Journée mondiale de l’Eau est de soutenir la réalisation de l’objectif de développement durable 6 : Eau propre à la consommation humaine et assainissement pour tous d’ici à 2030.

La Martinique sera-elle au rendez-vous ? De nombreux éléments factuels nous autorisent, nous PUMA, à en douter.

En termes de quantité nous avons un sérieux retard qui, paradoxalement n’est pas dû au manque de ressource, mais au rendement du réseau qui est la propriété des collectivités. A la CACEM il est perdu plus de 40 % de la production du fait des fuites et à CAP-NORD et ESPACE-SUD on est à plus de 20 % de fuite.

En termes de qualité il est de plus en plus inquiétant de constater que nos collectivités ne se mobilisent pas pour tenter d’améliorer le retrait des pesticides dans l’Eau du robinet chez le consommateur. Quand la question est posée l’ensemble des Maires, qui selon l’Article L 2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales, sont responsables de la salubrité de tout comestible, il y a une fuite en avant et une peur bleue des services de l’Etat et de l’ARS.

En matière de salubrité publique, nous avons été matraqués médiatiquement ces derniers temps par le respect de la loi, et dans le contexte actuel nous n’observons pas de manifestation sur le sujet de la qualité de l’Eau de boisson. Il y a une coalition entre différents services pour tenter de nous discréditer du fait des affirmations factuelles que nous rendons publiques conformément à l’Article 7 de la Charte de l’environnement publiée en mars 2005 établissant que : ‘’ toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement ‘’.

La loi n’a jamais été définitive, elle évolue au fur et à mesure en fonction de la connaissance scientifique, juridique, économique, etc.. Le respect de cette logique aurait permis d’améliorer le parapluie déployé par l’administration de l’ARS qui est la référence de nos responsables à qui il est répondu régulièrement ‘’ la qualité de l’Eau de boisson est conforme à la réglementation’’ bravo, heureusement ; mais après avoir mis huit mois pour avoir enfin ces analyses que nous avons transmises à nos Scientifiques, nous continuons à dire qu’il y a tromperie sur la marchandise.

Pourquoi l’ARS persiste-t-elle à ne pas prendre en compte la combinaison de ce cocktail de pesticides présent au robinet du consommateur ? Pourquoi les analyses sont-elles faites en millionième alors que la technologie de détection a fortement évolué ce qui permet de travailler en milliardième ? Il est vrai qu’on ne trouve que ce que l’on veut chercher…

Ce qui interpelle c’est la réponse collective de nos dirigeants et autres associations qui consiste à faire croire que c’est en créant une assemblée unique de l’Eau que cela permettra d’obtenir de meilleurs résultats que tout ce que nous connaissons actuellement, nous PUMA, continuons à mettre en garde sur cette fausse bonne idée qui n’est pas l’urgence ; en termes d’Assemblée Unique nous vivons avec fracas pour de nombreuses personnes toute l’impréparation de la fusion du Département et de la Région. Pour réparer 83 m de tuyau à Séguineau, il a fallu 12 ans, avec un comportement raciste et un refus de respecter les lois de la République avec un mépris caractérisé de la souffrance de la population en manque d’Eau. Imaginons un seul instant un agité du bocal à la tête de cette dite assemblée unique de l’Eau ce serait la fin des haricots.

Quand on regarde les débats de la CTM on assiste régulièrement à une foire d’empoigne qui n’encourage pas à suivre ce type de démocratie qui a transformé notre salle de délibération en échelle pour des perroquets savants, quant à Martinique Transport autre fusion, qui peut affirmer que l’usager est satisfait de cette gestion ?

Forts de notre modeste expérience du fonctionnement de ces instances de la gestion de l’Eau, nous demandons à nos dirigeants de ne pas se voiler la face, le problème de l’Eau passe par : la réorganisation administrative de nos instances, le management avec des meneurs d’hommes compétents exemplaires pour mieux diriger toutes les compétences techniques que nous avons dans les bureaux et sur le terrain, par la création d’une instance de l’ingénierie financière pour mobiliser les fonds disponibles de l’État, de l’Europe et des autres instances. Il faut beaucoup d’argent pour financer ces opérations et payer les entreprises et autres charges, reconduire dans les contrats des fermiers les fonds de travaux pour permettre la bonne irrigation financière lors des urgences, enfin réduire le temps de réaction pour lancer les travaux.

En ce qui concerne les travaux il faut que les élus acceptent de comprendre qu’ils ont été manipulés par des ambitieux cadres qui rêvent de se trouver aux commandes d’un outil de gestion de l’Eau et de l’assainissement, alors qu’ils ne sont pas capables de diagnostiquer, planifier ces opérations ; comment accepter que des prestations soient contrôlées par télétravail ? Un chantier se contrôle sur le terrain avec des bottes, un bakoua et un bleu de travail, pas en restant au bureau derrière un ordinateur avec des chaussures pointues italiennes et des lunettes de star.

Afin d’éviter les blocages intempestifs des futurs chantiers, il est impératif d’appliquer la Charte de la participation du public de 2017 qui prévoit en son article 4 que la participation du public encourage le pouvoir d’initiative des citoyens et que lors d’une initiative citoyenne que ‘’ le porteur de projet considère sérieusement, et argumente s’il ne les retient pas, les propositions des participants […].’’ En cas d’accord du porteur de projet pour réaliser des études complémentaires à la demande du public, la charte précise que ‘’les parties s’entendent pour prioritairement chercher à coconstruire le cahier des charges des études complémentaires qui apparaissent utiles, rechercher en commun une solution à leur financement et mettre en place un comité de suivi’’

Il s’agit ici de voir quelle application est faite de ces principes non contraignants, Pour Une Martinique Autrement.

 

Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN