—Communiqué de la CGTM —
La période de juillet-août est connue comme un moment favorable à l’apparition d’incendies en France à cause de la sécheresse (elle correspond à la saison cyclonique aux Antilles). Des appels à la vigilance sont toujours publiés à cause des dégâts provoqués. Eviter d’être à l’origine d’un départ de feu accidentel notamment, ou se protéger dans le second cas. C’est pourtant ce moment qu’a choisi délibérément Macron pour jouer au pyromane en faisant trois annonces scandaleuses lundi 12 juillet 2021 :
• Instauration d’une obligation vaccinale et d’un pass sanitaire, avec des sanctions en cas de refus ;
• Relance du programme de démantèlement des régimes de retraites ;
• Mise en place de la réforme des indemnités de chômage à compter du 1er octobre 2021 ;
Ces trois annonces ne sont pas détachables l’une de l’autre, mais liées et ont un point commun. Chacune est une attaque contre le monde du travail, qu’il soit du secteur privé ou du secteur public, mais également contre les chômeurs, les retraités, les jeunes.
En procédant ainsi, il ne pouvait ignorer qu’il déclencherait des réactions d’hostilité. Il a pourtant sciemment pris la responsabilité politique de provoquer celles et eux qui seront impactés par ses décisions. Macron n’est plus en guerre contre le virus. Son adversaire, son véritable adversaire comme dirait Hollande, c’est le monde du travail, actifs ou retraités, jeunes, chômeurs.
Obligation vaccinale
A 10 mois de l’élection présidentielle, Macron a décidé d’utiliser la crise sanitaire pour lancer la campagne pour sa réélection en s’en prenant aux soignants. C’est du pur cynisme. Ils sont accusés d’« irresponsabilité professionnelle » à cause des doutes ou des craintes qu’ils expriment sur les vaccins. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, est allé jusqu’à parler de la « France laborieuse et volontariste » face « une frange capricieuse et défaitiste qui se satisfait de rester dans le chaos et l’inactivité ». Les soignants, mais également toutes celles et tous ceux qui sont souvent en première ligne (aides à domicile, caissières, conducteurs de bus, les agents de sécurité, éboueurs, etc.) apprécieront ! Ces soignants, ce sont les mêmes qui montaient au front, sans masque, sans surblouse, sans sur-chaussure, sans médicament, sans respirateur, etc. Certains y ont même laissé leur vie ou encore ont été l’objet de menaces de certains de leurs voisins, accusés de ramener la maladie là où ils habitaient.
Ces mêmes soignants sont aujourd’hui la cible de Macron qui les menace de les priver de revenu, de licenciement, s’ils refusent de se faire vacciner. Mais les soignants supposés récalcitrants à la vaccination ne sont que le prétexte pour porter le message à l’ensemble des travailleurs et au patronat. Qu’on ne s’y trompe donc pas.
C’est vil, c’est ignoble. Mais c’est surtout inacceptable !
Pour l’ensemble des travailleurs, c’est une véritable déclaration de guerre. Sur ce point, il a décidé de passer en force. Lui qui avait déclaré qu’il n’allait pas recourir à la contrainte, le voilà qui tombe le masque en pleine flambée du variant delta.
La démarche de Macron n’est pas née d’une préoccupation sanitaire. Si tel était le cas, lui et son gouvernement n’auraient pas autant menti pour masquer leur incapacité à gérer cette crise. Ils se seraient appuyés sur les soignants en leur accordant les moyens nécessaires. Tel n’a pas été le cas. Aujourd’hui, il doit gérer un compte à rebours électoral et il a décidé de recourir à la manière forte pour respecter son agenda. A défaut de pouvoir faire reculer la maladie, il s’en prend aux principales personnes qui ont assuré, les soignants, et en profite pour adresser un message musclé à tous les travailleurs : soumettez-vous à l’obligation vaccinale, sinon ce sera la répression.
Son injonction, qui relève du machiavélisme, a une triple finalité :
• Monter les travailleurs les uns contre les autres en encourageant un faux débat entre pro-vaccin et anti-vaccin et une diversion, un contre feu, sur un sentiment de réduction des libertés
• Eviter de parler des politiques publiques qui ont placé le système de santé publique dans un état de délabrement, de dénuement.
• Reléguer au rang de mesures subalternes les deux autres attaques tout aussi scélérates
En direction du patronat, Sous couvert de lutte contre la pandémie, Macron donne en réalité de nouvelles armes aux capitalistes pour intimider et faire marcher au pas les travailleurs.
Après le barème impératif en cas de licenciement abusif et sans cause réelle et sérieuse, après la modification des institutions représentatives du personnel avec la création du Conseil Social et Economique (CSE) et la disparition du Comité d’entreprise (CE) et des Délégués du Personnel (DP), après les modèles de lettre pour éviter à un employeur de se faire condamner aux Prud’hommes pour faute de procédure lors d’un licenciement, l’obligation vaccinale et les sanctions attachées sont un outil supplémentaire mis à la disposition des patrons pour qu’ils imposent leur politiques. C’est aussi un gage qu’il leur donne de sa soumission.
Démantèlement des régimes de retraite
Fin février 2020, alors qu’il avait annoncé vouloir annoncer à l’Assemblée nationale les dispositions qu’il comptait prendre pour gérer la crise sanitaire à venir, Macron avait subtilement glissé dans l’ordre du jour un point sur la « réforme » des régimes de retraite et fait voter cette réforme contestée et combattue depuis décembre 2019. Il avait pour cela recouru par surprise à l’article 49.3 de la constitution, une disposition qui permet d’adopter une loi sans débat parlementaire. Il a à nouveau utilisé la même technique : à partir de la crise sanitaire, il a préparé un package englobant le démantèlement des retraites. Il s’agit aussi de montrer à des vautours type Black Rock qu’il respecte ses engagements.
Réforme de l’indemnisation du chômage
Il s’agit de la troisième annonce de Macron. Cette réforme entrerait en application dès le 1er octobre 2021.
Les capitalistes licencient à tour de bras depuis des années. La pandémie a constitué pour eux une aubaine inespérée pour accélérer le mouvement. Pourtant, la classe capitaliste a encaissé des milliards d’euros pour soi-disant sauver les emplois.
Tous les gouvernements ont choisi d’accompagner les patrons dans leur volonté insatiable d’accroitre leurs profits. Ainsi, l’instauration d’un barème impératif en cas de licenciement sans cause réelle qui leur permet de se débarrasser de travailleurs, notamment les plus anciens, en budgétisant le coût du licenciement qui ne pourrait pas dépasser certaines limites en cas de condamnation par les Prud’hommes.
Ainsi, des salariés qui auront perdu leur emploi, quel que puisse être le motif, et notamment pour soi-disant motif économique ou sans cause réelle et sérieuse, percevraient une allocation réduite avec cette réforme. Une double peine pour les salariés concernés.
Ces annonces sont autant de « déclarations de guerre ».
Dans cette guerre, le virus n’est pas la cible, mais le prétexte pour imposer aux travailleurs de nouvelles concessions et pour renforcer les pouvoirs des patrons.
Vis-à-vis des travailleurs, Macron et son gouvernement ont constamment menti, se sont contredits jour après jour, ont changé leur discours au gré des tendances communiquées par leurs « experts ». Macron n’a été sincère que vis-à-vis d’une catégorie : les patrons. Aucune pression, aucune contrainte contre eux.
Ce discours du 12 juillet aura donc eu ce mérite : celui de faire tomber le masque qui ornait le visage de Macron. Désormais, il confirme son véritable objectif : dépouiller les travailleurs pour renforcer les avoirs du patronat via sa loi scélérate sur l’obligation vaccinale, mais également celles sur la retraite et l’indemnisation du chômage.
Les trois annonces ne sont pas dissociables. L’ordre de présentation par macron n’est qu’une stratégie pour jeter la confusion et créer la division en se focalisant sur la premiere. Toutes sont scandaleuses, scélérates et inacceptables. C’est pourquoi nos mobilisations doiVENT se poursuivre. il faut que ces attaques fassent l’objet de nos discussions dans les entreprises afin que nous soyons prêts pour les contrer tous ensemble dès la rentrée. contre toutes ces mesures, Nous devons exiger leur suppression pure et simple.