— Par Max Dorléans ( GRS) —
De passage aux Antilles entre les 26 et 30 septembre, E. Macron a fait, parmi un certain nombre d’annonces participant selon lui au développement des « DOM », une proposition se voulant génératrice d’emplois et de baisse du coût de la vie, qui a surpris à la fois la population et l’immense majorité de la classe politique et économique. Il a en effet évoqué – outre des promesses n’engageant que ceux/celles qui les croient – une réforme de l’abattement fiscal de 30% existant dans les « DOM » consistant dans la réduction du plafond de celui-ci, sans néanmoins en préciser lui même strictement le montant, laissant à Annick Girardin, la ministre des Outres-mer, le soin de déclarer qu’il oscillera entre 2300 euros et 3900 euros.
Une réforme qu’il estime « juste », car elle épargnera l’immense majorité de la population, puisqu’elle ne touchera que « les 4% les plus riches », avec un résultat estimé, « 70 millions d’euros », qui sera « intégralement et en toute transparence réinvesti dans les projets en Outre-mer ».
Une idée de justice qu’il a besoin de marteler pour tenter de se défaire de son image de « président des riches » et pour indiquer que tous et toutes – y compris la fraction la plus riche de la population « domienne » – doivent cotiser au pot commun de la solidarité pour engager les investissements nécessaires à la croissance et à la création d’emplois.
Une idée d’autant plus nécessaire pour lui, qu’elle vise, dans un contexte de chômage important, de précarité grandissante, d’accroissement fulgurant des inégalités et d’enrichissement des plus riches, à redorer un blason terni auprès d’un nombre croissant de citoyens avec tous ses récents cadeaux aux plus riches (suppression de l’ISF/impôt sur la fortune, réduction de l’impôt sur les sociétés…) et à tenter de reconquérir une popularité perdue.
Cependant, ce prélèvement insignifiant sur les riches n’a une portée qu’idéologique, et ne convaincra que les naïfs et les macronien/nes à sa botte. Sans compter que la pseudo dynamique escomptée via l’investissement productif, ne coûtera pas un euro à l’Etat français.
Ne nous méprenons pas. Faire payer les plus riches n’appartient pas au programme de Macron comme on a pu le constater depuis son élection. C’est même l’inverse de sa feuille de route. Puisqu’en réalité les populations auxquelles il s’est adressé chez nous aux Antilles avec condescendance et une mise en scène bien orchestrée, sont celles qu’il dépouille, ici comme ailleurs, au quotidien pour satisfaire les appétits des plus puissants.
En effet, ce qui est patent, c’est l’explosion des richesses d’une minorité (pas seulement les entreprises du CAC 40) et la mise à mal des conquêtes sociales permettant encore à beaucoup de ne pas sombrer dans la pauvreté et la grande pauvreté. Ce qui patent, c’est son nouveau monde tout aussi pourri que l’ancien, et son arrogance lui permettant de dire à Saint Martin « je peux vous regarder dans les yeux car je fais tout ce que je peux faire » aussi insupportable que les leçons de bonne conduite qu’il distribue à ceux et celles dont le sort est scellé dans le chômage et la misère.
On l’aura bien compris. La petite ponction fiscale prise sur quelques uns, ne réglera aucun problème de développement, puisque la logique capitaliste dominante ne sera nullement entravée. Car ce que l’on prendra d’une petite main sur quelques uns sera dérisoire en comparaison de ce que l’on continuera de donner aux mêmes de l’autre main.
Au mieux, elle permettra de passer un peu de pommade sur quelques cicatrices. Mais elle n’endiguera nullement l’accroissement des inégalités et l’enrichissement des plus riches.
Penser donc le développement de nos pays – les « DOM » en l’occurrence – en faveur de la majorité de leur population ne peut être obtenu par ce type de mesure concoctée par les serviteurs des nantis. C’est à la logique d’ensemble du système capitaliste, mu par et pour le profit, à laquelle il faut s’attaquer. Notamment aux politiques libérales quotidiennes qui d’une part enfoncent l’immense majorité de la population dans le chômage, la pauvreté, la précarité…et d’autre part et symétriquement, enrichissent les plus riches.
Alors, cette mesure macronienne, parce qu’elle ne répond en rien à la situation de crise et de détresse de la population, il faut la renvoyer à son expéditeur. Car pour modifier en profondeur la situation au profit du plus grand nombre, il nous faut travailler à modifier le rapport de forces sur la base d’orientations claires, à l’opposé des politiques en faveur des pwofiteurs. Des orientations loin des gesticulations d’un Macron pour qui le chômage est affaire de responsabilité individuelle, d’individus « prêts à se lever tôt le matin », et à accepter n’importe quel type d’emploi, indépendamment de leurs expériences et/ou de leurs diplômes. Nullement l’affaire du patronat et de l’Etat à son service qui licencient, suppriment des emplois, et précarisent à tour de bras pour leurs seuls intérêts, sans égard pour la satisfaction des besoins fondamentaux de l’immense majorité, notamment les plus démunis.
Max Dorléans (GRS)