— Par Guy Gabriel —
A Madiana
Macbeth et Banquo, deux chefs de l’armée de Duncan, roi d’Ecosse, reviennent d’une campagne victorieuse contre l’armée norvégienne ; sur la lande désertique, Macbeth apprend de trois sorcières qu’il deviendra Duc (Thane) de Cawdor, puis roi d’Ecosse.
De retour au Palais, il apprend, en effet, son nouveau titre, ce qui va attiser l’ambition de son épouse qui n’aura plus qu’un objectif : faciliter la réalisation de la prédiction, en assassinant le roi, et en faisant peser les soupçons sur les gardes du Palais….
Macbeth n’en sortira pas indemne de l’entreprise ; déjà un homme abîmé par la guerre, qui tente de reconstruire sa relation avec son épouse bien-aimée, le voilà maintenant aux prises avec les forces de l’ambition et du désir, à cause de cette dernière….
Après Orson Welles et Roman Polanski, l’australien Justin Kurzel s’attaque au monument de la littérature du non moins monument Shakespeare ; a priori une gageure dont on peut dire que Kurzel s’en est plutôt bien tiré.
On y trouve tous les thèmes chers au dramaturge, que sont l’ambition, le pouvoir, la trahison, les intrigues de palais (autant de thèmes étonnamment modernes), auxquels est ajouté celui de l’irrationnel ; ce dernier va être l’élément moteur du drame qui va se nouer.
Avec Macbeth on peut dire que le noir est mis dès la prédiction des trois sorcières, car Lady Macbeth
(merveilleuse Marion Cotillard), va se révéler une intrigante convaincante, qui saura être suffisamment persuasive pour entraîner Macbeth, vaillant guerrier, au demeurant, au meurtre, afin de devenir Roi.
Si l’on accepte les petites afféteries de la mise en scène, on peut dire que le film de Kurzel, relève le défi d’une intrigue dramatisée au maximum, avec des personnages hors normes, avec d’un côté une Lady Macbeth, symbole du mal absolu, de l’autre Macbeth, indécis et qui a du mal à saisir les enjeux de la situation ; ce couple diabolique va rapidement représenter les sentiments humains immoraux, ainsi que les affres que cela peut susciter ; le sentiment de culpabilité est à l’œuvre et trace le chemin vers la folie.
Ce qui ressemblait à une histoire d’amour glisse petit à petit vers le drame ; le film de Kurzel est efficace dans son déroulement et la mise en place du drame sait montrer, sait bien mettre en perspective les côtés spectaculaire et intime du propos ; les deux affichant la cohésion nécessaire à la complexité des caractères, ce qui permet d’oublier la stylisation parfois excessive de la mise en scène.
L’essentiel du texte semble être respecté et Macbeth dans son délire, confirme la célèbre réplique, après la mort de Lady Macbeth : « La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur qui se pavane et s’agite une heure sur la scène, et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien ».
Marion Cotillard et Michael Fassbender empoignent le rôle avec le brio qui leur est désormais habituel.
Voilà une belle occasion de lire ou relire l’œuvre d Shakespeare.
Guy Gabriel