— Par Jean-Marie Abillon —
I/ Concernant la banane dite « bio » de Saint-Domingue.-
Le label « banane bio » décerné à la banane de Saint-Domingue ne semble être délivré que par son gouvernement via son Ministère de l’Agriculture (voir document FAO«RÉPUBLIQUE DOMINICAINE» ( ).
· « On ne peut pas faire de banane complètement biologique aux Antilles françaises, explique Sébastien Zanoletti, directeur de l’innovation de l’Union des groupements de producteurs de banane de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN). C’est un climat tropical humide où se développe la cercosporiose, la « maladie des feuilles », et nous n’avons pas de pesticide « bio » homologué dans l’Union européenne contre cela… Même en expérimentation, ça ne donne pas grand chose. Le « bio » est possible dans les pays plus secs, comme la République dominicaine ou le Pérou. Alors aux Antilles, on essaie de s’en rapprocher le plus possible. » (cité par RFI (jeudi 07 avril 2011 – )
· En production agrobiologique, la monoculture du bananier et des plantains n’est pas à envisager. Il est indispensable d’adopter soit un système de cultures qui associe le bananier à d’autres cultures (café, cacaoyer, ananas, arboriculture fruitière, agroforesterie), soit au minimum un système de rotation culturale (jachère vraie, rotation avec maraîchage ou, mieux,canne à sucre). Voir « Faisabilité technique de l’agriculture biologique à laMartinique: productions », document IRD 2005 –
· Le RÈGLEMENT (CE) No 834/2007 relatif à la production biologique ( ) précise dans son & (13) : « Les principaux éléments du système de gestion de laproduction végétale biologique sont les suivants: gestion de la fertilité des sols, choix des espèces et des variétés, rotation pluriannuelle des cultures, recyclage des matières organiques et techniques culturales. Les engrais, les amendements du sol et les produits phytopharmaceutiques ne devraient être utilisés que s’ils sont compatibles avec les objectifs et principes de la production biologique. » L’agriculture intensive, type culture de la banane d’exportation, ne répond en rien à ces critères !
· Le terme « agriculture biologique » est défini par le Ministère de l’Agriculture : « L’agriculture biologique constitue un mode de production qui trouve son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels. Ainsi, elle exclut l’usage des produits chimiques de synthèse, des OGM et limite l’emploi d’intrants.
· Enfin le « GUIDE DES INTRANTS UTILISABLES EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE EN France » édité par le site e-phy et mis à jour le 22 juin 2011 ( ) énumère comme fongicides les seuls produits à base de cuivre ou de soufre et classe les huiles de paraffine comme insecticide/acaricide .
· En conclusion, les critères européens et français ne permettent pas de classer la banane de République Dominicaine comme produit « bio » parce que :
Ø Il s’agit d’une agriculture intensive,
Ø Sa culture nécessite des fongicides chimiques de synthèse.
· Dans sa pratique actuelle, la banane des Antilles Françaises est loin de satisfaire aux critères européens et français. Lurel essaie malhonnêtement de nous enfumer !
II/ Concernant les moyens mécaniques à l’étude .-
· Le projet « OPTIBAN » visant à mettre au point un procédé d’épandage mécanique a été lancé en 2008, cofinancé par le Ministère de l’Agriculture et par l’UGPBAN (union bananière Guadeloupe-Martinique).
· Les essais rapportés dans le Cahier Spécial 2011 de « Sciences Eaux et Territoires » « Lutte contre les cercosorioses du bananier aux Antilles françaises : Optiban 1, éco-conception d’une solution terrestre innovante « du projet Optiban 1 terminé en 2011 n’ont pas abouti à des résultats probants ( )
· Le rapport Ecophyto2018 du Ministère de l’Agriculture : « Amélioration des techniques d’épandage par voie aérienne et recherche d’alternatives terrestres » d’avril 2011 ( ) ne conclut pas à des résultats satisfaisants. Les engins testés ne sont pas utilisables au-delà d’une pente de 25%.
· En conclusion : cinq ans après le lancement du projet OPTIBAN, on n’a pas encore trouvé de solutions satisfaisantes. Tout laisse à penser qu’il est très difficile, voire impossible, de mettre au point un système d’épandage mécanique adapté à la topologie de la Guadeloupe.
Le Moule, le 03 juin 2013