Rencontre avec Isabelle Dimondo
— Par Dominique Daeschler —
Isabelle Dimondo, directrice d’Avignon Bibliothèques instigatrice et cheville ouvrière de « l’Outremer enchante Avignon », nous reçoit dans son bureau de la Bibliothèque Ceccano entre affiches, pile de livres, cartons de livraison du programme.
Action !
D.Daeschler : Comment vous est venue d’inclure, chaque année, une rencontre avec la culture d’un pays ou d’une zone géographique dans la programmation évènementielle des bibliothèques d’Avignon ?
I.Dimondo : Avignon est une ville cosmopolite dont l’histoire est liée à l’immigration (premiers arrivés, les italiens au 19e siècle parler de la culture des Avignonnais c’est parler de cultures multiples et différentes.
DD : Retrouve-t-on dans ce temps fort sur l’Outre-mer un fil directeur commun à tous les projets sur la diversité culturelle ?
ID : Oui, vous allez retrouver dans chaque projet la littérature et la musique. Mais pas que… Pour ce projet spécifique des expositions sur les fêtes, les premiers découvreurs, les animaux, les territoires sont répartis entre les six bibliothèques. La Bibliothèque Ceccano, centrale, accueille celle de l’artiste invité le peintre, performeur Habdaphaï . C’est elle aussi qui accueille les rencontres notamment avec l’écrivaine Suzanne Dracius, le poète Max Rippon, l’illustrateur Alex Godard, l’universitaire Georges Véronique, des projections avec Christiane Salem et Fabrice di Falco musiciens-chanteurs … et sur une scène improvisée Greg Germain. Des ateliers (enfants -adultes) permettant d’entrer dans l’univers d’Habdaphaï et le street art polynésien, « musique au cœur des mots » alliant musiques et littérature) complètent l’approche des cultures d’Outre-mer.
DD : vous travaillez toujours sur le lien entre centre et périphérie ?
ID : Les bibliothèques pour les avignonnais sont un lieu naturel, qui appartient à tous, où l’on vient facilement. Le travail de médiation est fait dans les six pour chaque manifestation.
DD : Est-ce à dire que vous avez un public fidèle ?
I D : Tout est en lien. Nous essayons de ne pas perdre l’âme, de garder le sens. Il y a « de petites choses » qui rassemblent comme le « midi sandwich » avec des lectures faites dans le jardin devant la bibliothèque Ceccano où les avignonnais font facilement leur pause déjeuner. Nous avons à Avignon un public gourmand, cultivé, curieux qui aime entrer dans quelque chose de suivi, de construit. Au travers d’une manifestation sur la durée (2 mois) comme celle-ci, le public se pique au jeu, il ne picore pas et tend à suivre l’intégralité des propositions en grande partie parce que nous offrons une façon d’aborder les contenus sous des formes différentes (voir plus haut).
DD : Pour une manifestation de cette ampleur vous avez un budget spécifique ?
I D : La ville sui de près nos actions, notre budget est ciblé et nos projets spécifiques sont bien reçus Il ne faut pas oublier qu’Avignon est une ville pauvre avec le plus grand nombre d’étudiants boursiers et peu de rentrées d’impôt. Un festival international et un bâti patrimonial important c’est bien mais lourd financièrement.
DD : Et le partenariat ?
I D : Pour l’Outremer enchante Avignon nous avons bénéficié, entre autres, d’un partenariat privilégié avec le TOMA (chapelle du Verbe Incarné) et Axe Sud grâce à Marie Pierre Bousquet et Greg Germain. Depuis 1998, date de création du TOMA, les avignonnais sont entrés dans une sensibilisation à l’Outre-mer.
DD : La vocation première d’une bibliothèque c’est la lecture, son accès. Vous n’avez pas peur d’une perte de lecteurs avec les écrans ?
ID : Il y a de grands lecteurs dès l’enfance que l’on perd à l’adolescence avec l’addiction aux écrans. Il faut essayer de comprendre comment ces jeunes qui ont mille idées à l’heure utilisent leurs tablettes pour exprimer ce qu’ils ont à dire. Le passage à l’informatique peut sauver les enfants dyslexiques souvent tétanisés par leurs fautes à l’écrit. Quand l’écrit n’est plus une souffrance, c’est spectaculaire : ils retrouvent cette prise de parole, écrivent et lisent !
L’Outre-mer enchante Avignon du 19 février au 18 avril => Le Programme