— Par Frantz Édouard —
Le dimanche 24 mai 1925 Louis Des Étages, maire de Rivière-Salée, et Charles Zizine, conseiller général canton de Ducos, ont été lâchement assassinés à l’intérieur d’une maison au bourg de Ducos par un gendarme.
Louis Des Étages, n’aura assuré son dernier mandat de Maire de Rivière-Salée que durant 8 jours.
En effet, élu le dimanche 17 mai 1925, à l’unanimité par les 17 conseillers qui composaient le conseil municipal de l’époque, il fut assassiné le dimanche 24.
Très proche des habitants de Rivière-Salée, Louis des Étages était une personnalité respectée et très impliquée dans la vie économique, sociale et politique de sa région. Il a succédé à l’ancien maire Nérée Peria dont il a été le premier adjoint⋅
Il a été d’abord instituteur et s’est orienté comme son père vers les métiers de la forge pour devenir forgeron et mécanicien. Louis des Étages et Charles Zizine étaient des hommes politiques de la fédération socialiste de la Martinique proche du député Joseph Lagrosillère⋅
A l’époque, les passions et les fraudes sont très présentes autour des élections, notamment sous l’ère du gouverneur Richard⋅ Ce jour là, le dimanche 24 mai 1925, les élections municipales de Ducos se déroulent dans une ambiance particulière et de forte tension.
Les gendarmes occupent la mairie dès l’ouverture du scrutin et ont installé autour plusieurs rangées de barbelés. Il est vrai que le gouverneur Richard vient de prendre une mesure de suspension à l’encontre de Saint Ange Amant maire de la commune.
Zizine et Des Étages se rendent à Ducos accompagnés d’un photographe pour prendre des clichés de la mairie encerclée de fils barbelés.
Les forces de l’ordre sont agacées par cette initiative et c’est le commissaire de police Labalette qui donna l’ordre de tirer au gendarme Roquet. La même balle atteindra dans le dos les deux hommes Zizine et des Étages qui étaient alors en tain de déjeuner au domicile de Mme Narem. ils décèderont sur le coup.
Le gouverneur tente de maquiller cet assassinat en acte de légitime défense.
Les corps de Zizine et Des Étages furent enlevés de la maison de Ducos et transportés à l’hospice du Saint-Esprit le dimanche de llassassinat vers 17 heures.
L’autopsie pratiquée révèle que les deux hommes politiques ont été atteints par la même balle de mousqueton et que l’orifice d’entrée était la région dorsale. Ce même soir le 24 mu l925les gendarmes ouvrent le feu, au Diamant, contre une foule mécontente du déroulement des élections et font une dizaine de morts.
Le conseil municipal de Rivière-Salée se réunit et vote à l’unanimité une somme de 4000 frs (anciens francs) pour faire face à l’organisation de ces funérailles qui furent célébrées le mardi 26 mai. Le salon de la mairie fut transformé en chapelle ardente, Des Étage et Zizine y étaient exposés l’un à côté de l’autre, dans deux cercueils identiques (…)
Le 12 août 1925, la cour d’assise prononce un non-lieu en faveur du gendarme Roquet au motif qu’il aurait tiré en état de légitime défense.
Le 21 août 1925, Maurice le fils de Louis des Étages fait feu à cinq reprises sur le gouverneur Richard dans le salon du paquebot »»Pellerin de Latouche » en instance de départ pour la France.
Le procès de Maurice des Étages commencé le 29 avril 1926 se termine le 4 mai 1926 par son acquittement. À la sortie du palais il est porté en triomphe dans les rues de Fort-de-France.
Frantz Édouard
Ouvrages à consulter
Louis des Etages, « Itinéraire d’un homme politique martiniquais » de Georges B. Mauvois
« Figures et Procès » le barreau de la Martinique 1900-2000