— Par Philippe Pierre-Charles du Groupe Révolution Socialiste (GRS). —
Étant connu comme un des secrétaires généraux de la CDMT, je précise par avance, que je libère cette centrale syndicale de toute responsabilité pour les propos qui suivent. En effet si la CDMT a déjà fermement pris position contre le licenciement de Ronald Brithmer, directeur du PNRM, et si elle est légitimement fière de son indépendance à l’égard de tout pouvoir, certaines formulations utilisées ici voire certains développements de nature politique ne conviendront pas forcément à toutes les sensibilités existant dans cette centrale démocratique et plurielle. Qu’on veuille bien, par conséquent les laisser à mon compte. Ainsi donc, Louis Boutrin, placé à la tête du Parc Naturel Régional de Martinique par la majorité de la CTM a décidé malgré l’opposition d’une partie du personnel et de la CDMT de licencier le directeur de cette institution pour » insubordination ». Laissons les tribunaux prendre leurs responsabilités sur l’aspect juridique de l’affaire (Louis Boutrin, notre président-avocat n’a fait aucun cas des mises en garde de la CDMT qui bien entendu n’a pas dit son dernier mot) et concentrons-nous sur sa signification politique. Il est de bon ton, depuis que l’alliance scabreuse des indépendantistes (MIM, PALIMA, CNCP-APAL) et des colonialistes de la droite a conquis la direction de la CTM de considérer le mot « politique » comme un gros mot et de ne voir dans l’instance politique majeure du pays, gagnée par des partis politiques, à des élections politiques, présentées par eux-mêmes comme « la mère des batailles » (sic !) qu’un instrument apolitique de « gestion » du pays…et de commémoration rituelle du 22 mai, de septembre 70, de décembre 59, etc. Les Martiniquais.e.s sont de plus en plus nombreux.ses à s’amuser de cette fable grotesque. En plein accord avec cette élémentaire lucidité nous interrogerons donc sans ménagement le sens politique de ce licenciement. Louis Boutrin est un adepte officiel du fameux « faire la politique autrement » et du non moins célèbre « faire peuple ». Et pourtant cet ex-étudiant GRS, devenu ensuite ex-Modemas, puis ex-Batir le pays Martinique, confronté comme président du PNRM à un directeur martiniquais dont les compétences, le dévouement et le travail ne sont contestés par personne, en opposition avec lui sur les priorités du moment et la faisabilité de tâches attribuées dans les délais impartis, ne voit d’autres modes de discussion, d’autres façons de convaincre ou de faire respecter ses prérogatives de chef suprême que… le licenciement sec et l’inscription à Pôle Emploi. Notre patriote fait mieux que le pouvoir colonial. Ce dernier s’obstine à muter Aurore en Guadeloupe. Lui il jette à la rue, choisissant d’emblée comme première sanction contre « l’insubordonné » la peine capitale du licenciement. Il serait même dit-on un récidiviste assez maladroit. Son premier fait d’arme en la matière aurait concerné un autre martiniquais dont il avait fait l’erreur de ne pas observer l’origine pilotine avant de tenter de le licencier, lui pourtant si sensible à l’origine géographique de ses recrutements pré électoraux ! Il a donc dû remballer cette tentative. Mais cette fois ci, il tient son coup. Brithmer aurait dit-on de bons rapports avec Chomet, l’ex-président membre de l’ex-majorité. Chacun se demande alors si ce ne serait pas là l' »insubordination décisive » ! On aurait pu penser que, pour éviter les soupçons de chasse aux sorcières (après tout l’affaire du remplacement du gestionnaire du CMT n’a pas vraiment convaincu de son caractère de mesure de simple … » gestion » !), la majorité actuelle aurait fortement suggéré à Boutrin une certaine retenue. Non ! Approché par mille biais, le Gran Sanblé reste de marbre. Malheur aux vaincus ? Si c’était le cas- et cela reste à prouver- ce serait de toute façon une honte ! une indignité pour une équipe si hostile à la chasse aux sorcières réelle ou supposée…. de l’équipe d’avant. Tout travailleur conscient doit s’opposer sans hésiter au système des dépouilles qui est la règle aux Etats-Unis. Tout.e démocrate sincère doit prôner et défendre le droit même des directeurs d’être traité avec respect et équité. Un responsable syndical abordé pour exprimer sa solidarité à répondu que son syndicat ne défend pas de patron. Nous n’allons pas aller jusqu’à lui expliquer la différence entre un directeur d’une institution périphérique de la CTM et un patron. Nous allons simplement retenir que ce n’est donc pas lui qui aurait défendu le colonel Dreyfus contre la meute militariste nationaliste et raciste. Nous préférons soutenir dans hésiter une nouvelle victime de l’injustice qui, nous en sommes convaincu, ne se laissera pas faire.
Philippe Pierre-Charles
Du Groupe Révolution Socialiste (GRS).