Lors de la réception officielle du président de la République du Bénin, à la CTM, Patrice Talon a exprimé des regrets concernant l’histoire de l’esclavage, reconnaissant la part de responsabilité de l’Afrique dans cette tragédie. Cependant, il encourage la construction de liens solides sur les plans économique et culturel.
Serge Lecthimy a souligné que la dernière visite d’un chef d’État africain remontait à celle de Léopold Sédar Senghor, président du Sénégal, qui avait été invité par Aimé Césaire.
En tenant compte du passé, Serge Letchimy exprime le souhait d’établir une maison en Martinique, envisageant même une possibilité au Bénin.
Patrice Talon a exprimé son désir de voir une liaison aérienne régulière établie entre le Bénin et la Martinique.
Bien que les deux hommes soient d’accord sur l’essentiel, Patrice Talon inaugurera l’exposition consacrée aux artistes béninois à l’Habitation Clément sans la présence de Serge Letchimy. Ce dernier n’apprécie pas l’endroit, le considérant toujours hanté par les âmes tourmentées des esclaves.
Poursuivant sa visite le Président du Bénin a rencontré ce samedi matin le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre. L’entretien a eu lieu à l’Hôtel de Ville aux environs de 9 heures, où le Maire et son conseil municipal ont accueilli le dignitaire béninois. Une cérémonie intitulée « Lawonn » au Théâtre Aimé Césaire a marqué le début de la journée, comprenant des présentations artistiques du SERMAC dans les jardins.
Une rencontre protocolaire entre le Président et le Maire a été suivie d’un échange de cadeaux, renforçant les liens diplomatiques entre les deux régions. Le maire de Fort-de-France a remis au président Talon la médaille de la ville, geste symbolique de reconnaissance. La visite a ensuite inclu la découverte des ateliers d’arts visuels du SERMAC, une exploration de l’espace muséal, et une présentation du Théâtre Aimé Césaire où le président du Bénin a pu en apprendre davantage sur la vie d’Aimé Césaire. La délégation a également assisté aux performances des ateliers musicaux « instrumentarium martiniquais » et à l’interprétation de « Lafrik za sipoté ».
Cela étant, l’inauguration de l’exposition « Rélélation ! Art Contemporain du Bénin,’ cette « manifestation culturelle de haut niveau pictural, intellectuel, spirituel et esthétique » avait aussi une dimension politique, mais qui ne concernait pas Bernard Hayot. Le respect pour sa personne est présent, tout comme l’admiration pour le soutien qu’il met en œuvre en faveur des artistes antillais. L’Habitation Clément représente le premier site touristique de la Martinique par sa fréquentation. Affirmer que le seul motif de son action en faveur des arts serait les exonérations fiscales obtenues en contrepartie relève du crétinisme économique. Si tel était le cas, la France entière serait couverte de musées privés en accès libre et gratuit.
Bernard Hayot est perçu comme un membre de la classe bourgeoise, propriétaire de moyens de production, extorquant une partie de la plus-value produite par ses salariés au même titre que n’importe quel patron. Il partage une grande proximité idéologique et sociologique avec Patrice Talon, riche homme d’affaires. Ils appartiennent au même camp. Ce qui les caractérise tous les deux, c’est également une distance avec le quidam martiniquais ou béninois. L’accent doit être mis non pas tant sur ce que les ancêtres de Bernard Hayot ont fait, sans pour autant l’oublier, que sur ce qu’il fait ici et maintenant. Peut-être que ses ascendants ont fait affaires avec les propres ancêtres de Patrice Talon, les uns achetant ce que les autres vendaient. Mais « Laissons le Passé être le passé » (Homère)
Si matière à protester existe aujourd’hui, c’est en raison de la dérive totalitaire mise en œuvre par Patrice Talon à l’égard de son opposition au Bénin. C’est pourquoi une lettre ouverte lui a été adressée.
Roland Sabra (d’après France-Antilles)