Lire, toujours…
Selon un communiqué de la Préfecture, deux librairies ont pu depuis le 20 avril reprendre leurs activités à la Martinique, dans des conditions bien précises liées à la pandémie. L’une, « La Kazabul », est au centre-ville à Fort-de-France. L’autre se trouve à Ducos, c’est « Anolivres », une librairie-jeunesse.
Les commandes se font :
— sur les comptes Facebook des librairies
— par courriel : librairie@kazabulmartinique.fr — anolivres@gmail.com
— sur site : http://www.kazabulmartinique.fr
— par téléphone : Le libraire de Kazabul propose une permanence téléphonique les lundi, mercredi et vendredi de 10h à 13h au 0596.71.10.08
Les livres commandés seront ensuite récupérés depuis les voitures dans la zone drive de chacune des librairies. Les horaires proposés par Anolivres sont : 9h à 14h les lundi, mercredi, vendredi et samedi.
Pour de plus amples renseignements :
À la télévision, en attendant…
Et pour patienter, ou quand on ne peut pas sortir de chez soi, ou quand on demeure trop loin, ou qu’on n’a pas de moyen de transport, on regarde la télévision, avec François Busnel :
Alors que les librairies sont fermées, François Busnel ouvre sa “P’tite librairie”. Un court conseil de lecture quotidien puisé dans sa bibliothèque, diffusé chaque jour sur les chaînes de France Télévisions. Quant à « La grande librairie », elle revient ce 22 avril, sur France 5, en “format confiné”.
Comme tout le monde, François Busnel est confiné à la maison. Mais lui dispose d’une bibliothèque un peu plus large que la moyenne. Alors que La grande librairie fera son retour sur France 5 mercredi 22 avril, le présentateur partage ses trésors de lecture dans un nouveau format. Une pensée courte et percutante sur Homère, Montaigne, mais aussi Christian Bobin ou Hugo Pratt, une fois par jour. Avec l’intention, nous explique-t-il, de comprendre « quelles questions un livre pose ».
Quelle est la logique des textes sélectionnés ?
Lorsque le 10 avril, Delphine Ernotte et Takis Candilis [les numéros 1 et 2 de France Télévisions, ndlr] m’ont proposé cette courte pastille, je leur ai donné mon accord à condition d’avoir carte blanche. Je crois aux hasards surréalistes. Les gens peuvent passer d’un polar de Fred Vargas au Comte de Monte-Cristo. La logique sera donc de picorer au hasard de ma bibliothèque. Il y aura des livres très contemporains comme celui de Nina Bouraoui, « Otages », qui est sorti avant le confinement et que j’ai beaucoup aimé. Il pose des questions sur le silence, le courage, la libération de la parole des femmes. Il y aura aussi « L’Iliade et L’Odyssée », que des traductions merveilleuses ont rendu très accessibles.
En une minute trente, j’essaye de trouver une phrase, au moins, qui peut avoir un rapport avec la situation actuelle. Parfois, ça peut être tout un livre. Une apologie des oisifs, écrit en 1877 par Robert Louis Stevenson, est totalement d’actualité. Il nous enseigne que pour éviter la course au toujours plus et pas encore assez, l’oisiveté est nécessaire. Mais l’oisiveté ne consiste pas à ne rien faire ! Un petit précis de l’oisiveté aujourd’hui n’est pas superflu.
Aborde-t-on différemment un grand classique et un roman qui est sorti il y a deux mois ?
Je crois qu’on peut aborder les choses exactement de la même manière. Deux questions se posent. La première est de comprendre à quoi tient le plaisir de lecture. Plus que l’histoire, il s’agit de raconter de manière très subjective en quoi ce livre, tout à coup, peut faire appel à telle ou telle émotion dans votre cerveau ou votre cœur. Le deuxième objectif est de saisir quelles questions un livre pose. J’estime, en tant que lecteur, que l’intérêt premier de « L’Iliade » n’est pas la description des batailles ou le rapt de la belle Hélène, mais le choix que doit faire Achille entre une vie très longue et très heureuse qui mène à l’oubli, et une autre vie dense et brève qui offre une postérité infinie. Quel choix feriez-vous ?
Il est actuellement plus difficile pour le spectateur de se procurer les livres dont vous parlez, à moins d’avoir recours au numérique. Cela change-t-il votre travail ?
J’aime l’idée d’être utile, je déteste l’idée d’être utilitaire. La grande librairie n’est pas un télé-achat. Vous pouvez acheter le livre dont on parle, c’est très bien. Mais vous pouvez d’abord écouter cet écrivain. Peut-être qu’il fera bouger les lignes en vous, que sa parole va vous conforter, ou vous réconforter.
En une minute trente comme en une heure trente, je fais une émission culturelle pour le peuple, pas uniquement le peuple littéraire. Il y a des gens qui lisent très peu mais qui regardent l’émission parce qu’ils sont touchés par la parole de l’écrivain. Là, ce n’est plus le côté utilitaire de la lecture, c’est la beauté, la noblesse de la littérature. Il arrive souvent que les gens me citent ce que John Irving ou Richard Ford avaient dit sur le plateau il y a bien longtemps.
Il y a une magie des mots et de la citation. Dans « La p’tite librairie », nous mettons en exergue une phrase forte. Quand Kathleen Deen Moore écrit qu’« il faut aimer la vie plutôt que le sens de la vie », je me dis que cela peut rester un peu au fond de vous, quelques heures, quelques jours, peut-être plus, et qu’elle vous aidera. La littérature est d’une profonde utilité.
À voir
« La p’tite librairie », à 13h50 (en semaine) et 16h00 (le week-end) sur France 2 ; à 18h50 sur France 3 ; à 21h00 sur France 4 ; à 10h50 et après la diffusion du prime-time du lundi au vendredi sur France 5 ; à 18h40 sur France Ô et sur france.tv
Source : Télérama en ligne-Michel Bezbakh-Publié le 22/04/2020.
Fort-de-France, le 22 avril 2020