— Communiqué du CNCP —
Que ceux qui soutiennent la décision de l’ONU d’autoriser l’envoi d’une force d’intervention militaire en Haïti cite une seule intervention de cet ordre, orchestrée par les impérialistes occidentaux, qui ait été bénéfique au Peuple Haïtien ! Comme chaque fois, derrière l’affichage d’intentions généreuses et humanitaires, se cache la volonté des impérialistes de maintenir leur domination dans la région. Le pire, c’est qu’ils parviennent à manipuler une partie de l’opinion publique qui s’imagine que la fin des tragédies subies par le Peuple Haïtien pourrait venir de ceux-là même qui en sont responsables. Évidemment, les médias aux ordres occultent le fait que les principales organisations populaires de ce pays*1 ont adressé une déclaration à toutes les institutions concernées, tant au niveau régional qu’international pour s’opposer à une telle intervention.
Ceux qui se font encore des illusions quant aux motivations des impérialistes n’ont-ils tiré aucune leçon des conséquences des interventions en Irak et en Libye ? C’est pour protéger le monde contre Saddam Hussein accusé de vouloir le détruire avec des « armes de destruction massive » – qui n’ont jamais existé – que les « Croisés » sont intervenus en Irak. Le pays a été dévasté, aujourd’hui, le peuple vit un enfer et les occidentaux continuent à s’enrichir sur son dos. C’est soi-disant pour protéger le pauvre peuple libyen contre l’impitoyable dictature de Mouammar Kadhafi que les « Croisés » ont bombardé la Libye et armé des terroristes. Aujourd’hui, ce peuple aussi vit un enfer pendant que les occidentaux, fiers d’avoir détruit un état rebelle et empêché la création d’une monnaie africaine, jouissent du butin. Devrait-on souhaiter un tel sauvetage à Haïti ?
Mais les impérialistes, eux, savent tirer les leçons de leurs expériences. Conscients qu’il leur est de plus en plus difficile de duper l’opinion, ils essaient de se tapir derrière des supplétifs. C’est pourquoi les USA envoient le Kenya et certains pays caribéens en première ligne dans le projet d’intervention en Haïti, tout comme le pouvoir français avait chargé la CEDEAO d’assumer une opération militaire au Niger*2.
Cette fois-ci, le prétexte invoqué par les impérialistes occidentaux pour justifier leur interventionnisme, est de venir neutraliser les gangs qui terrorisent la population.
Pour savoir comment neutraliser les gangs, la première question à envisager est la suivante : « Qui sont ceux qui les contrôlent et qui les arment ? » Il n’est pas contestable qu’aux commandes se retrouvent des grands groupes économiques, une certaine frange de la police et des politiciens liés au pouvoir imposé par des pays étrangers. Il est indéniable aussi que les puissantes armes dont disposent les criminels ne viennent pas d’Haïti et que les États Unis disposent de tous les moyens nécessaires pour empêcher qu’elles arrivent dans le pays. Quand les impérialistes occidentaux veulent déstabiliser un pays sans intervenir directement, ils savent comment financer, armer et entraîner les groupes subversifs. Quel soutien tous ces « crocodiles » qui prétendent vouloir protéger le peuple Haïtien accordent-ils aux organisations populaires qui n’ont jamais cessé de lutter avec un courage exemplaire contre toutes les dictatures, à l’intérieur, et contre toutes les agressions venant de l’extérieur ? Pour être vraiment solidaire du Peuple Haïtien, c’est au côté des mouvements populaires que nous devons nous trouver.
Nous devons respecter et soutenir leur choix qui est de refuser toute intervention étrangère. Ce qui se passe en Haïti actuellement ne peut être dissocié de l’affrontement décisif qui s’est déjà amorcé entre les profiteurs de l’hégémonie impérialiste occidentale et les Peuples qui entendent construire un autre monde. En ce sens, notre solidarité doit se traduire par le renforcement de notre propre lutte contre la présence colonialiste dans la région caraïbe.
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*1 Vous pouvez en retrouver le texte et la liste des signataires dans le N° 199 de « Jik An Bout » daté du 30 octobre 2022 (cf le site du CNCP)
*2 Les levers de boucliers contre la décision de la CEDEAO – qui soi-dit en passant est un regroupement économique qui n’a pas compétence pour prendre de telles décisions – et surtout la mobilisation des populations dans les pays concernés contre cette intervention, ont rendu impossible sa réalisation. En ce qui concerne le Kenya, le vote du Parlement qui s’oppose à l’engagement militaire en Haïti est venu, pour le moment, bloquer le projet.