7 décembre 2016 au 7 janvier 2017
— Par Clarisse Bagoe Dubosq —
Le titre de la double exposition « LIBRES » que je propose à la galerie Tout Koulè en associant mes peintures avec les céramiques de Martine BAKER évoque, malgré deux univers, deux démarches et deux sensibilités bien différentes, un désir commun de s’affranchir des règles et des codes « de bonne conduite » que l’on voudrait parfois imposer aux artistes contemporains.
Il s’agit ici d’un assemblage stimulant qui permet au spectateur de découvrir presque simultanément deux imaginaires dont la seule parenté est la conviction personnelle et le talent unique des deux artistes.
Le plaisir visuel prend ici le pas sur l’aspect conceptuel néanmoins fortement sous jacent pour qui laisse son esprit vagabonder.
J’ai souvent décliné ma peinture autour des femmes et des quartiers, aussi bien dans l’abstraction que dans la suggestion.
Les femmes demeurent malgré moi le cœur de mes compositions, la plupart du temps sans préméditation, mais elles surgissent inévitablement du fond de ma toile sous mes pinceaux et mes couteaux. Alors je ne leur résiste pas. Pourquoi devrai-je ?
J’ai peint mes premiers « quartiers » il y a près de dix ans et ce thème semble également séduire aujourd’hui d’autres artistes antillais. Ces assemblages hétéroclites et colorés ont très tôt stimulé mon imaginaire et ma palette jusqu’à mes compositions actuelles, de plus en plus abstraites tout en restant secrètement évocatrices.
Depuis ma grande exposition « Folie Douce » à la galerie André Arsenec fin 2013 j’ai ainsi consacré trois ans à poursuivre mes recherches personnelles sur la forme et la couleur tout en exposant ponctuellement, ici à la Martinique et ailleurs, souvent dans des cadres privés de collectionneurs et amis.
Mais cette année 2016 m’a permis d’acquérir une encore plus grande liberté que je veux faire partager dans cette nouvelle exposition « LIBRES » à la galerie Tout Koule dont j’ai fini par laisser la gestion à d’autres passionnés afin de retrouver du temps pour mon propre travail.
On pourra y découvrir de nouvelles palettes dans mon univers onirique très personnel.
Je devais également cette année, en parallèle, me consacrer à l’écriture et la publication de mon troisième roman « LAISSEZ LA CHANTER » édité chez L’harmattan.
Lorsque je relis ce texte de 2012 pour mon exposition « Raison Perdue » j’ai le sentiment d’une continuité ébouriffée et d’une cohérence insouciante dans mon travail vers toujours plus de liberté :
La peinture a immédiatement été pour moi un exutoire, le départ d’une vie nouvelle.
A travers elle j’ai découvert que mon métissage culturel faisait de moi une citoyenne du monde au-delà de mes attaches africaines.
J’ai tout simplement ressenti des émotions en formes et couleurs, des sentiments à partager avec cette toile qui, au fil des jours, prend vie et me guide bien au-delà de mes intentions premières.
Cette toile que l’on peut effacer, recouvrir ou barbouiller si elle ne convient pas, si elle ne vous raconte pas l’histoire. Mais lorsque l’on ressent qu’elle est prête, on s’apaise.
Je n’utilise aucune photo, aucune pose, aucun modèle. Je ne peins qu’avec mes fantasmes, mes douleurs, mes risques, mes révoltes, mes amours.
Aucune couleur ne m’obsède, aucune ne me fait peur. Elles me ravissent toutes, chaudes ou froides, et je les assemble audacieusement sans aucun interdit jusqu’à ce que, telles des apparitions, elles s’organisent pour me suggérer des histoires ou des émotions.
Et tout s’enchaîne alors.
Je me suis accordée toutes les libertés et, si depuis toujours j’ai visité les peintres, je ne ressens aucune influence dominante.
C’est probablement la raison qui m’a conduite dans des directions si variées au gré de mes humeurs, de mes recherches et de mes obstinations.
Ainsi cette période des femmes bleues, sans visages mais pleines d’histoires émouvantes.
Puis celle des quartiers populaires et leur palette dévorant la toile.
Et enfin, récemment, ces compositions plus abstraites au fond desquelles, inévitablement, se glissent les apparitions issues d’un prétendu hasard.
Mon atelier est minuscule mais j’y suis bien avec mes toiles. Je leur parle, je me confie à elles et, en retour, leurs couleurs me donnent plus encore le goût de vivre.
Au fond c’est comme une promenade sans fin dans laquelle je décide d’aller vers où je me laisse emporter.
L’exposition « LIBRES » se tiendra à la Galerie Tout Koulè, Village de la Poterie des Trois Ilets, du 7 décembre 2016 au 7 janvier 2017, du lundi au vendredi de 14h00 à 18h00, le samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00.
Clarisse Bagoe Dubosq