Mardi 7 janvier 2020 à 18h 30 Tropiques-Atrium
Drame – 1993 – France|Canada – 105 MIN – Tous publics
Avec
Jean-Michel Martial
Jennifer Zubar
Mireille Metellus
Patrick Rameau
Toto Bissainthe
Synopsis : Sarah, jeune femme d’une trentaine d’années, se souvient de son enfance durant la dictature des Duvalier en Haïti…Une période sombre, emplie de violence imprévisible et de peurs au quotidien. Lorsqu’elle avait huit ans, son père militaire avait dû démissionner et s’enfuir en compagnie de sa femme en laissant derrière lui ses enfants. Laissée à la garde de sa grand mère, Sarah s’invente un monde imaginaire avec ses deux sœurs. La petite fille sera témoin d’une scène traumatisante provoqué par le nouveau maître des lieux, assoiffé de pouvoir. Elle va tenter à l’âge adulte de faire ressurgir le drame refoulé dans son inconscient.
Article de l’Express
Il y a un homme, certes, mais pas de quai. Titre mystérieux, donc, que cet «Homme sur les quais», de Raoul Peck, présenté en compétition, le 15. C’est la première fois qu’un film haïtien est sélectionné. Le cinéaste se penche sur son passé: des souvenirs de dictature et de terreur.
Nous sommes en 1962, à cette époque charnière où François Duvalier, dit «Papa Doc», infiltre l’appareil d’Etat avec ses miliciens fascistes, les tontons macoutes. Sarah, une petite fille, observe, dans une ville de province, ce bouleversement. Son père, militaire, a démissionné et fui. Laissée à la garde de sa grand-mère, l’enfant est témoin de la joute complexe qui oppose la vieille dame et le nouveau maître, assoiffé de pouvoir…
«Ce qui m’intéresse, c’est le monstre derrière le masque, l’homme derrière le bourreau», explique Raoul Peck. Ayant quitté Haïti à l’âge de 8 ans, ce cinéaste quadragénaire n’a cessé de rechercher cette identité que la diaspora haïtienne essaie de préserver. Son premier long-métrage, «Haïtian Corner» (1987), montrait la quête d’une victime, à New York, pour retrouver le tortionnaire qui l’avait humiliée. Dans «L’Homme sur les quais», Peck reprend ce thème: dans des rues vides, le macoute rôde. Les portes peintes de couleurs vives, les visages inquiets, la nuit où le sang coule: Raoul Peck brosse le portrait émouvant d’un pays en état de siège, poignardé, écrasé. L’image, épurée, donne cette impression de silence mortel qu’a fait régner un tyran (et son fils, «Bébé Doc», lequel vit des jours tranquilles dans le midi de la France). Trente ans ont passé depuis les événements décrits dans le film. Aujourd’hui, Haïti, isolé par un embargo, reste sous la férule des militaires. «L’Homme sur les quais», au fond, est un film d’une terrible actualité.
De Raoul Peck. Avec François Latour, Patrick Rameau, Toto Bissainthe.
Source : L’express.fr