— Par Daniel Boukman, écrivain, militant culturel —
Le mardi 28 avril 2015, France-Antilles publiait, sous le titre « Crise à l’Université – Médiapart manipulé ? » , un article – mélange de miel, de fiel et de narcissisme-dont l’argumentation est un énième nuage de fumée visant à dissimuler des malversations dont les protagonistes espèrent échapper aux sanctions judiciaires qu’ils méritent.
Le narcissisme
L’auteur de cet article en 5 colonnes, consacre trois quarts de celles-ci à une mise en vitrine de son passé d’ex-militant, tout en faisant silence sur ses saute-moutons politiques (1). Il se vante d’avoir connu Alain Plenel (2) le père d’Edwy Plenel, le directeur de Médiapart, dont il raconte avec une indécente complaisance leur compagnonnage trotskiste.
Le miel
« Je tiens, écrit-il dans ce France-Antilles, Edwy Plenel que j’ai connu enfant – il avait 7-8 ans – pour le digne fils de son père » Et plus loin « Je tiens surtout Edwy Plenel pour un des meilleurs journalistes de sa génération, l’un des mieux informés et aussi l’un des plus courageux » .
Le fiel
Et puis le miel devient fiel! Edwy Plenel que l’auteur de cet article tenait pour un des meilleurs journalistes de sa génération, voilà, dit-il, que ce même Plenel « se laisse non seulement manipuler mais accepte de cautionner une telle manipulation par des calomniateurs qui se fichent de la justice autant que de l’Université » . Curieuse volte-face! Celui auquel notre homme vient de décerner le titre de « meilleur journaliste de sa génération, l’un des mieux informés » , quelques lignes après, est accusé « de se laisser manipuler » .
Le directeur de Médiapart serait donc victime « de manipulations de calomniateurs » .
Ces « calomniateurs » , sous- entend hypocritement l’auteur de l’article, sont la présidente de l’Université des Antilles, et ceux / celles qui dénoncent les promoteurs de la scandaleuse affaire du CEREGMIA mais, ce qu’il se garde bien de dire, c’est que ces soit-disant « calomnies » prennent appui sur pas moins de quatre rapports officiels : deux de la Cour des comptes, un du Sénat, un de l’IGAENER (Inspection Générale de l’Administration de l’Education Nationale Et de la Recherche) ; que le procureur de la République à Fort-de-France a ouvert une enquête pour « détournement de fonds publics en bande organisées » ; que les responsables du CEREGMIA sont régulièrement interrogés par le SRPJ (Service Régional de Police Judiciaire) ; que l’Office Européen de Lutte Anti Fraude enquête.
Mais le jet de fiel a pour cible principale Corinne Mencé-Caster, la présidente de l’Université des Antilles, dont, persifle l’auteur de l’article, la seule performance est d’avoir « en quelque mois cassé l’Université des Antilles – Guyane » . Mensonge éhonté! C’est Geneviève Fioraso, alors ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui déclare (3) « la décision que j’ai prise [scission du pole guyanais de l’UAG] l’a été en parfaite entente avec Victorin Lurel mais aussi avec Christiane Taubira sous l’autorité du Premier ministre ?[alors Jean-Marc Ayrault] » . Manifestement l’auteur de l’article a, de près ou de loin, intérêt à ce qu’une nuit opaque tombe sur l’affaire du CEREGMIA… Sans vergogne, il clame pour le cerveau de ce gang son « plus grand respect, entre autres à cause de l’énorme travail qu’il a réalisé en un peu plus d’un quart de siècle, à l’intérieur de l’Université et aux alentours dans la Caraïbe » . Il convient de lui rappeler que l’on peut être un excellent technicien tel Jérôme Cahuzac, ex-ministre français délégué chargé du budget auprès du ministre délégué de l’économie et des finances et en même temps -en douce- un expert en escroquerie.
En définitive, « Crise à l’Université Médiapart manipulé ? » est une pitoyable tentative de manipulation (des lecteurs) dont l’un des grands ordonnateurs s’appelle Edouard de Lépine.
Daniel Boukman, écrivain, militant culturel
(1) Militant trotskiste en France, il adhère ensuite au Parti Communiste Martiniquais puis au GRS (Groupe Révolution Socialiste) pour finir au PPM (Parti Progressiste Martiniquais)
(2) Alain Plenel, premier vice- recteur de Martinique, aux lendemains des trois jours d’émeutes en décembre 1959 à Fort-de-France, a été d’autorité muté pour avoir dénoncé la sanglante répression des forces de l’ordre coloniale.
(3) France-Antilles du 31 octobre – 1er novembre 2013