Samedi 30 mars à 21h sur LCP
— Par Hélène Lemoine —
Dans le documentaire captivant « L’histoire oubliée des femmes au foyer », la réalisatrice Michèle Dominici nous entraîne dans un voyage intime à travers les images amateurs, révélant ainsi les coulisses souvent ignorées de l’histoire des femmes au foyer. Sans même le savoir, ces images du quotidien familial se transforment en témoignages puissants d’une époque révolue.
Le film démarre avec une découverte personnelle de Michèle Dominici : des bobines de films appartenant à son père, contenant notamment des images du mariage de ses parents. Cette trouvaille inattendue devient le point de départ d’une exploration fascinante du rôle des femmes au foyer à travers le prisme des images familiales.
Ce projet n’est pas seulement une plongée dans le passé, mais une quête profonde pour redonner une voix et une visibilité à ces femmes souvent reléguées dans l’ombre de l’histoire. Michèle Dominici, féministe convaincue, souhaite renverser le récit traditionnel de l’histoire, souvent dominé par les grandes figures masculines et les événements politiques, pour révéler la réalité vécue par la majorité des femmes.
Au cœur du film se trouve une juxtaposition habile entre les journaux intimes des femmes et les images du quotidien capturées par des amateurs. C’est à travers ces fragments de vie, souvent banals en apparence, que se révèlent les émotions, les tensions et les luttes silencieuses des femmes au foyer. Les moments d’ennui, de routine et de solitude sont traités avec une sensibilité remarquable, offrant ainsi une perspective nouvelle sur un aspect souvent négligé de l’histoire féminine.
Une réflexion profonde sur le « male gaze », concept féministe explorant le regard masculin dans l’art et les médias, émerge également de ce documentaire. Malgré le fait que les femmes soient souvent les sujets des images, c’est le regard des hommes qui domine. Cependant, Delacroix parvient à atténuer ce biais en mettant en lumière des aspects du quotidien rarement filmés par les hommes, offrant ainsi une représentation plus équilibrée de la vie des femmes au foyer.
Ce film, au-delà de la simple narration historique, ; est une expérience émotionnelle et introspective qui invite le spectateur à reconsidérer son propre regard sur le passé et sur le rôle des femmes dans la société. En mêlant habilement l’intime et le politique, Michèle Dominici nous livre un documentaire poignant qui célèbre la résilience et l’intelligence des femmes au foyer, longtemps reléguées au second plan de l’histoire.
* male gaze : notion féministe théorisée en 1975 pour le cinéma par la critique et réalisatrice anglaise Laura Mulvey pour désigner le regard masculin du réalisateur qui transparait à l’écran et qui a tendance à considérer les corps féminins comme des objets sexualisés