Le Macouba
Sur la RD10, prendre le chemin en face du stade à l’entrée du bourg du Macouba. Photo : Marc Mesnage
Le domaine est situé sur un plateau entre la Montagne Pelée et la Distillerie J.M dont il est l’exploitation agricole. Les bâtiments industriels anciens ont été restaurés en 2018 et sa maison, reconstruite dans les années 1930, a fait l’objet d’une réhabilitation en 2016.
Bellevue est l’une des plus anciennes habitations de la commune du Macouba. Dès 1671, elle est mentionnée dans l’état général descriptif des terres de la Martinique appelé Terrier.
À la fin du 18e siècle, l’habitation devient la propriété d’Antoine Joseph Marraud de Sigalony (1733-1786). Pendant la période de troubles de la Révolution française, l’habitation change de propriétaires au gré des ventes aux enchères. Le calme rétabli, François-Dominique Desgrottes de
Montganier s’en porte acquéreur auprès de Joseph-François Pécoul en 1794. L’habitation est alors composée de 200 carrés de terre (259 ha),
cultivés en cannes et en manioc par 220 esclaves. On compte cette habitation parmi les plus importantes de l’île.
À compter de cette date, l’habitation reste aux mains de la famille Marraud des Grottes jusqu’en 1913. En 1832, la famille se fixe à Bordeaux ; Bellevue est alors gérée à distance pendant plusieurs générations. On parle de propriétaires absentéistes. Malgré cela, la famille s’attache à conserver la propriété dans son intégralité.
Le 22 mai 1848, l’abolition de l’esclavage entraîne la réorganisation du travail au sein des habitations. En 1853, les propriétaires du nord de l’île s’associent pour réclamer au ministre de la Marine et des Colonies l’autorisation d’employer des immigrés madériens, remplacés peu après par des engagés indiens. La présence indienne est encore visible au Macouba et particulièrement au sein de l’habitation Bellevue.
Après la création d’usines centrales qui supplantent les habitations sucrières, Bellevue abandonne progressivement la fabrication du sucre au profit du rhum jusqu’en 1913, date de son rachat par Gustave Crassous de Médeuil. En 1914, ce dernier se porte aussi acquéreur de Fonds-Préville, habitation limitrophe sur laquelle est construite la distillerie JM. La réunion de ces deux habitations entraîne l’abandon de la distillerie de Bellevue. En 1974, cet ensemble (Bellevue, Fonds-Préville et JM) est divisé en trois lots, la distillerie JM est alors rattachée à Bellevue. L’habitation Bellevue est achetée par GBH en 2002.
Elle s’étend aujourd’hui 200 ha dont 80 ha consacrés à la canne à sucre qui alimente toujours la distillerie JM et 60 ha à la culture de la banane. L’exploitation emploie encore une quarantaine d’ouvriers agricoles.