— Par Selim Lander —
L’idée de cette exposition collective est née lors du premier confinement en mars 2020. L’horizon s’était brutalement rétréci, ne restaient que les pouvoirs de l’imagination et l’envie de créer quelque chose.
Du voyage intérieur, immobile au tourisme de masse en passant par le voyage initiatique, spirituel, musical et onirique , voire l’exil où le voyage devient arrachement, cette exposition organisée par l’association Lartgondstout propose une rencontre dans l’univers intime de 7 artistes : Marie ALBA, Hélène JACOB, Chantal NOTRELET, Isabelle PIN, Jerôme SAINTE-LUCE, Garance VENNAT, Sandrine ZEDAME.
Marie Alba a désormais une solide pratique de « l’upcycling ». Elle présente ici une installation réunissant l’un de ses mannequins masculins richement décoré à côté d’une authentique valise. Elle évoque ainsi puissamment l’exil, un exil d’une sorte inouïe cependant, car son mannequin n’est pas seulement arrivé d’ailleurs, il vient d’un autre temps – passé ou avenir ? – où le corps se fait support des décorations les plus folles.
Hélène Jacob se montre, quant à elle, inspirée par les imprévus qui rendent chaque voyage incertain. Parmi ses tableaux tous marqués par un réalisme qui tranche avec les autres artistes, on remarque par exemple ce sac accompagné d’horaires divergents, comme pour signifier que rien n’est garanti pour celui qui souhaite s’en aller, pas même les horaires d’un train ou d’un avion. Chantal Notrelet est sculpteur, la seule du lot. Elle expose des sculptures en thermopierre, des formes abstraites dans lesquelles on peut néanmoins imaginer des êtres qui nous ressemblent, moins par leur aspect extérieur que par la charge émotionnelle qu’ils dégagent. Le voyage de Ch. Notrelet est intérieur, un chemin, nous dit-elle, vers la sérénité et la sagesse.
Isabelle Pin cultive avec un certain bonheur le pop-art. Autant dire que ses œuvres très colorées tranchent par leur optimisme sur le reste de la sélection. Pour elle, la vie est un joyeux désordre coloré et les personnages comme les objets deviennent de sympathiques caricatures.
Jérôme Sainte-Luce est le seul homme de la sélection. Cet artiste guadeloupéen expose en France et à l’étranger. L’unique œuvre présentée ici tranche par sa taille et sa thématique franchement afro-caribéenne, comme l’indique le titre de la série dont elle est extraite, baptisée « Lespwineg » (l’Esprit nègre).
Alors que Garance Vennat effectue, elle aussi, un voyage intérieur. Ses formes dessinées , parfois indistinctes, sont toujours troublantes. Elle évoque Egon Schiele comme l’une de ses sources d’inspiration. Aussi bien ses tableaux ne traduisent-ils pas la sérénité mais plutôt les méandres d’un inconscient souvent chaotique.
Sandrine Zedame cultive pour sa part un imaginaire relevant du fantastique. L’apparition incongrue d’une tortue (reproduite sur l’affiche de l’exposition), un escalier à la Escher ne menant nulle part,… ses tableaux créent une atmosphère onirique dont il est difficile de se déprendre.
Une exposition à voir au Centre d’interprétation Paul Gauguin, au Carbet, du 2 juillet au 31 août 2022.