La Voie de l’ennemi, de Rachid Bouchareb. États-Unis, 1 h 58.
— Par Jean Roy —
Avec « la Voie de l’ennemi », le réalisateur explore des chemins nouveaux qui se déroule à la frontière avec le Mexique,
un peu comme dans les westerns de Sam Peckinpah.
Un film peut parfois en cacher un autre. À la vision de ce drame 100 % américain qui n’est autre que le second long-métrage produit par la maison Pathé France, nous rappelle un classqiue du cinéma français. Même si La Voie de l’ennemi se déroule dans les déserts du Nouveau-Mexique avec une distribution tout à fait locale qui lui a permis d’être sélectionné sans peine en compétition à la dernière Berlinale, ce film de Rachid Bouchareb, qui nous raconte la tentative de retour à une vie civile et honnête d’un meurtrier sauvé du mal par un retour à sa foi musulmane, fait penser à Deux hommes dans la ville de José Giovanni. Long-métrage franco-italien réalisé en 1973.
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. Dans la Voie de l’ennemi, sur un scénario signé par Yasmina Khadra, Rachid Bouchareb a fait le choix de nous téléporter à la frontière mexicaine, celle qui fonctionne comme un aimant tant elle est porteuse de promesses, à condition que la soif ne fasse pas rendre l’âme aux postulants à la tentative comme dans le célèbre les Rapaces de Erich von Stroheim.
Une intrigue à l’ancienne
Cest Forest Whitaker qui incarne le converti à l’islam qui, après dix-huit ans de prison pour meurtre d’un plus ou moins shérif, tente de se réinsérer et va finalement rencontrer l’oreille compatissante de son officier de probation tandis que Harvey Keitel incarne le flic prêt à tout pour faire replonger Forest Whitaker, n’ayant jamais oublié, et encore moins pardonné, la perte tragique de son adjoint. On reconnaît là une intrigue à l’ancienne, sans zone d’ombre, où les individus sont fondamentalement du côté du bien ou du mal, avec dans le meilleur des cas le sens de l’amitié que l’on trouve dans les meilleurs films de cet ancien repris de justice condamné à mort qu’était José Giovanni. C’est là qu’on retrouve également le meilleur de Rachid Bouchareb, dont nul n’a oublié son approche du monde, en particulier dans Indigènes (quelle belle leçon de lutte contre l’oubli par la réhabilitation du passé), mais aussi dans Cheb, Little Senegal ou Bâton rouge. On n’a pas oublié non plus qu’il travailla avec Bruno Dumont sur la Vie de Jésus, l’Humanité ou Flandres. Cela brosse de l’homme un portrait sympathique, qui justifie qu’on l’accompagne quand il décide d’embrasser les chemins du western, même s’il en profite pour glisser une leçon de fraternité et d’amour en tissant les liens qui vont unir le héros à une employée de banque dont on pourrait supposer que sa profession la rend peu apte à explorer les chemins de la carte du Tendre. À l’inverse, l’ancien copain est un profiteur évident qui en fait trop dans l’exploitation de la situation. Mais ce sont là des détails qui ne doivent pas faire oublier l’essentiel, à commencer par des paysages poudreux qui s’incrustent et qu’on n’oublie pas.
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