— Par Dégé—
Administratifs, avocats, élus, entrepreneurs, enseignants, médecins, notaires… mais aussi gens de services non publics, comment fonctionnent nos îles ? Sinon « vertueusement », de quel ordre sont les blocages, les freins, les imperfections ?
Il ne s’agit pas ici de faire une enquête tendant à démontrer « Tous pourris », mais de voir comment le phénomène de l’île permet d’amplifier, d’accuser, d’occulter, de moduler ces maladies sociétales. Donc de diagnostiquer pour amender.
A l’heure où « l’insularité », pas seulement dans les milieux artistiques, est à la mode à Paris comme aux Antilles françaises pourquoi ne pas se poser la question de la corruption, par exemple, dans nos départements-régions ? A l’heure où le Pape dénonce : « la société corrompue pue », ne sommes-nous pas tous « napolitains » ? Ne regardons pas son doigt mais les mafias qui peuvent nous gangréner.
En 2013, la France, 9ème en Europe, s’est classée 22ème sur 177 pays. Quand l’ONG Transparency établit ainsi l’indice de la perception de la corruption dans le secteur public inclut-elle les Outremers ? Si oui quelle est notre part de responsabilité dans ce résultat passable de 71 points ? (Sachant que la Nouvelle-Zélande et le Danemark sont en tête avec un indice de 91 sur 100). Quels sont nos scores et nos spécificités ?
Nous avons tous entendu parler d’enveloppes qui circuleraient ; de dépassements d’honoraire de dernière minute ; de terrains agricoles avec dessous-de-table ; d’attribution de marché truquée ; de droits de cuissage qui se feraient encore…Quelle est la réalité de tout cela ? Omerta ou Rumeurs ?
Ce qui sûr c’est que nous avons tous rencontré, comme collègue, comme usager, administré ou client, une personne placée à un poste déterminant mais dont l’incompétence égalait l’inadaptation du diplôme voire son absence…L’ich d’une ancienne maîtresse, le cousin d’un « Cher ami » !
Car à priori, il ne s’agirait pas chez nous de « grande corruption » de la part de nos élites administratives, politiques ou économiques : cela ne se traduirait pas en milliards de détournements. Mais de « petite corruption » pratiquée par les mêmes et d’humbles fonctionnaires dont l’enrichissement personnel serait moindre et « moins grave » qu’une reconnaissance sociale confirmée.
Or les conséquences de ces petites perversions, de ces dérives, infimes mais juxtaposées, multipliées à l’infini, ont de lourdes conséquences sur l’ensemble du système qui ne tourne pas rond comme il le devrait vu les moyens à disposition pour ce faire. Ou tourne en grinçant, avec une effrayante lenteur.
On devient moins indulgent si l’on pense que cette répercussion sur l’économique, Les relations sociales, peut-être la santé, etc. atteignent finalement la démocratie ?
Pas de représentant en Guadeloupe, Guyane, Martinique d’une association comme Anticor. Cela signifie-t-il que nous soyons plus vertueux qu’à la Réunion par exemple ?
Ou bien est-ce que nos universitaires, nos journalistes d’investigations n’osent pas ? Que deviendrait un lanceur d’alerte ? Usons-nous, jouissons-nous d’une réelle liberté d’expression ou le fait insulaire nous bâillonne-t-il ? Comment et pourquoi ?
Le martyr d’Aliker marque profondément nos mémoires de respect…et de peur. Bien sûr il y a des Pago, des Mauvois, d’autres encore pour dénoncer les crimes du passé. Où sont les historiens, les enquêteurs du présent ?
Des faits. Des faits. Il est de l’intérêt général que cessent les dénis, les soupçons injustifiés, les consensus accusateurs et hasardeux, la fuite dans des rires gênés. Des faits. Mais qui protégera nos lanceurs d’alerte ? Ils ne peuvent rester seuls. L’opinion publique saura-t-elle reconnaître le « milan », « la salissure » de la « vérité vraie » ? Nos édiles, nos élites auront-ils le courage de vouloir construire une société plus saine ? Nos îles-régions sont petites, soyons grands.
Donc assez fantasmer. Ô toi qui ricane suggérant ainsi une justice corrompue, des politiques véreux, des journalistes pleutres, des conflits d’intérêt…si tu sais, parle ; si tu peux prouver, parle. Si tu ne sais rien, ne manifeste rien car c’est de toi qu’il faut rire !
Martinique, le 25/03/2015
Dégé