En 2016, le pape François décide d’élever Marie-Madeleine au rang d’apôtre des apôtres, brisant ainsi l’image de prostituée véhiculée depuis des siècles par l’Église.
Premier témoin et première messagère de la résurrection de Jésus de Nazareth, Marie de Magdala, plus connue sous le nom de Marie Madeleine, est un personnage aussi essentiel que contesté dans l’histoire du christianisme.
Apôtre préférée de Jésus pour les uns, pécheresse repentie pour les autres, elle a subi les foudres des disciples de Jésus, jaloux de l’attention qu’il lui accordait, avant d’être délégitimée par les Pères de l’Église, inquiets de l’influence de cette femme scandaleusement libre. Si les ruses furent nombreuses pour la faire disparaître des textes sacrés au profit de la Vierge Marie, les témoignages des Évangiles apocryphes mis au jour au XIXe siècle attestent du rôle central de la jeune Galiléenne dans l’édification de la religion chrétienne.
Alors qui était-elle vraiment ? L’initiée élue par Jésus ? Son amante, sa femme, ou un simple disciple ?
Cristina Fallarás, figure intellectuelle et féministe en Espagne, a tenté de comprendre et de reconstituer le portrait historique de cette femme au destin incroyable.
On découvre ainsi que Marie de Magdala était de lignée royale, instruite, riche et libre, et que son rôle auprès de celui qu’elle surnomme « le Nazaréen » a été fondamentale.
Dans son roman, Cristina Fallarás lui donne la parole alors qu’elle est au crépuscule de sa vie et qu’elle décide d’écrire son témoignage, sa vérité. À travers un texte particulièrement poétique, l’auteure espagnole propose une histoire nouvelle, plus pragmatique, un regard plus féminin aussi, sur les Évangiles qui ont modelé notre société occidentale. Un livre qui a créé l’événement en Espagne lors de sa sortie en janvier 2021, et a suscité de nombreux débats.
« Moi, Marie, fille de Magdala, appelée la Magdaléenne, je suis arrivée à l’âge où je ne crains plus la pudeur que je n’ai jamais eue. Moi, Marie la Magdaléenne, je garde intacte la fureur qui s’est emparée et s’empare encore de moi face à la bêtise, à la violence et au fer que les hommes utilisent sur les hommes et contre les femmes.
[…]
J’ai connu le Nazaréen. J’ai été la seule à ne jamais le quitter. Jamais. Ce n’est pas de la vanité. C’est ainsi et ceci est ce qui s’est passé, c’est ce que je suis et aussi notre reconnaissance mutuelle. J’entreprends de tout raconter pour que tous ces mensonges soient effacés et que l’on comprenne sa véritable fin. Rien ne sera rapporté en vain. »
« Un roman provocateur, bien loin de la science-fiction, grâce à l’intelligence narrative et au travail de recherche remarquables de Cristina Fallarás. » El País