Monsieur le Préfet,
Le 25 novembre 2020 toutes les associations et les institutions qui sont impliquées dans l’accompagnement des femmes victimes de violence étaient convoquées dans la salle Félix Éboué de la préfecture de la Martinique. Il s’agissait là pour le Représentant de l’État de nous lister les engagements pris suite aux travaux des ateliers organisés dans le cadre du Grenelle des violences faites aux femmes initié par l’État.
Notre Collectif 8 Mars Martinique a rédigé un Livre Blanc qui vous a été remis.
Aujourd’hui, en cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous vous interpellons sur certains de ces engagements qui sont essentiels dans notre pays pour combattre les violences faites aux femmes toujours bien présentes même si les féminicides semblent avoir diminué – car nous n’avons vu aucune avancée concernant ces engagements :
– La mise en place d’un centre d’appel 24h/24 qui est une demande essentielle de toutes les personnes présentes. Le 3919 dans son fonctionnement actuel ne répond pas à la réalité de notre pays. Le temps presse.
– La mise en place de logements d’urgence destinés uniquement à mettre en sécurité les femmes victimes de violences. Actuellement le parc d’accueil est réduit au minimum. Les associations sont prêtes à gérer ces logements faits pour les femmes.
– La formation des personnels des commissariats de police et des gendarmeries. Il s’agit d’améliorer l’accueil des femmes et que celles-ci soient entendues quand elles portent plainte. Une demande forte des femmes qui pourrait avoir pour effet de diminuer notablement le nombre de féminicides.
– La formation de toutes les personnes des services et associations qui accueillent les femmes afin qu’elles aient toutes la même culture, les mêmes outils de compréhension du fonctionnement de notre société qui mène au stade ultime du patriarcat : les violences en direction des femmes.
– Des moyens réels à la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité. Cette délégation est jusqu’ici sans secrétariat. C’est la preuve du peu d’intérêt que l’on porte aux droits des femmes. Les besoins sont immenses et seule une équipe autour de la déléguée peut faire face aux nombreux problèmes sur lesquels il est urgent d’intervenir.
Monsieur le Préfet, nous avons participé avec conviction à tous ces travaux et une fois de plus nous nous rendons compte que tout est resté sur le papier. Nous sommes en colère. Et ce 8 mars 2020, nous vous le disons : Ces engagements pris ce 25 novembre doivent être suivis d’effet dans l’immédiat. Jusqu’ici, les femmes sont humiliées, harcelées, frappées. Désormais, elles exigent une vie meilleure, une vie de citoyenne libre.
Vous vous êtes engagé au nom de l’État. Tenez ces engagements. Nous, nous restons mobilisées.
Le 8 mars 2020