L’état du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en France en 2021

Depuis plus de trente ans, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) remet chaque année au Gouvernement un rapport qui dresse un état des lieux du racisme en France, ainsi que des moyens de prévention et de lutte mis en œuvre par les institutions de la République et la société civile. Sur la base d’une analyse critique des politiques conduites et en s’appuyant sur les observations des organes internationaux, la CNCDH formule une série de recommandations visant à mieux connaître, comprendre et combattre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

Après avoir connu une baisse importante dans un contexte de crise sanitaire qui a réduit les activités, le nombre de faits à caractère raciste retrouve des niveaux comparables à ceux de 2019. Bien que le baromètre CNCDH témoigne cette année du maintien d’un niveau de tolérance élevé parmi la population française, il est indispensable de fermement rappeler que la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie est toujours d’actualité et doit continuer à travers les actions portées par les pouvoirs publics et la société civile.
Les phénomènes du racisme et de l’antisémitisme en France requièrent une extrême vigilance : ils restent encore largement sous-déclarés et se manifestent souvent à travers des formes de rejet subtiles parfois difficiles à caractériser et à dénoncer pour les personnes qui en sont victimes.

Focus

En 2021, la CNCDH a décidé de porter une attention particulière à la formation et à la sensibilisation de l’ensemble du corps social – dès l’école, puis dans l’enseignement supérieur et le milieu professionnel – à la lutte contre les préjugés racistes et antisémites et les discriminations directes ou indirectes qu’ils engendrent. Ce focus s’attachera à préciser les paramètres que cette sensibilisation devrait respecter afin d’être réellement efficace.

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Alors que l’on fête cette année les 50 ans de la loi du 1er juillet 1972, dite « loi Pleven », qui a créé les délits spécifiques d’injure et de diffamation à caractère raciste ainsi que la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale, force est de constater que les discours stigmatisants aux relents racistes et xénophobes n’ont pas disparu de l’espace public et médiatique. Les mois de crise sanitaire ont ravivé les théories complotistes antisémites et la campagne présidentielle a été marquée par le retour obsessionnel de la thématique sécuritaire, susceptible de renforcer les réflexes de fermeture et de repli xénophobes.

Paradoxalement, l’indice longitudinal d’acceptation des minorités, instrument phare de notre rapport depuis plus de 30 ans, n’indique pas de poussée d’intolérance. Certains groupes restent toutefois particulièrement stigmatisés, notamment les populations roms, numériquement si faibles, confrontées aux préjugés les plus tenaces et les plus assumés, à des discriminations concrètes et des difficultés cumulées dans leur accès aux droits.

Si des progrès ont par ailleurs été accomplis dans la gestion du contentieux raciste, le chemin des victimes reste pavé d’obstacles, à commencer par la difficulté à déposer plainte. La CNCDH rappelle la nécessité d’agir sur plusieurs fronts complémentaires – tant sur le volet préventif que judiciaire, tant en termes de formation qu’en termes de mobilisation des autorités publiques.

Dans son rapport, la CNCDH formule 55 recommandations, dont un certain nombre invite notamment à repenser et à renforcer la sensibilisation et la formation. Persuadée que la prévention la plus efficace du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de toutes les formes de discrimination est celle qui s’adresse aux plus jeunes des citoyens, la CNCDH souligne l’importance de l’éducation aux droits humains et réaffirme son engagement dans cette mission.

Jean-Marie BURGUBURU
Président de la CNCDH

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