Les trésors du film de Jazz – La collection Jo Milgram

Mercredi 20 novembre – 18h30 | Tropiques-Atrium Salle Frantz Fanon
1h10 – Suivi d’échanges
Ciné Club – Before Ti Tak Jazz
Synopsis :
Jo Milgram a découvert le jazz adolescent, « ébouillanté » par la voix d’Armstrong surgissant d’un phonographe aux Puces, avant de devenir l’ami de Django et de tous les musiciens de Saint Germain des Près. Grand amoureux de cette musique, il commence en 1970 à collectionner les films de jazz et, en trente ans, il constitue une des plus belles collections, unique au monde, de soixante heures d’images. A l’occasion de cette séance ciné club exceptionnelle, nous découvrirons une sélection où se côtoieront Louis Armstrong Duke Ellington, Fats Waller, Dizzy Gillespie … En présence de Josette Milgram.
En collaboration avec le Centre National de la Danse

Les trésors du film de jazz – La collection Jo Milgram

La passion pour le jazz et la danse s’incarne dans l’exceptionnelle collection de films de Jo Milgram, l’une des plus importantes au monde, dédiée à la magie des images et des rythmes qui ont façonné la culture afro-américaine du XXe siècle. Un véritable voyage dans le temps, du Harlem des années 30 à l’éclat du jazz des années 50, où la musique et la danse se croisent dans une éblouissante explosion de joie de vivre.

À travers ses films, Milgram nous invite à redécouvrir une époque où la danse, notamment la tap dance, était bien plus qu’un simple accompagnement musical : elle était le cœur même de l’émotion, de la folie joyeuse qui animait les scènes de l’Amérique des Noirs. Dans un monde où la ségrégation et les discriminations étaient omniprésentes, ces artistes parvenaient à transcender leurs réalités sociales pour créer un langage universel, celui du swing, du feeling, du mouvement. C’est cette énergie, cette « chaleur » du jazz, que Jo Milgram, passionné et collectionneur inlassable, a voulu préserver et transmettre.

Jo Milgram lui-même a baigné dans ce milieu artistique, ses premiers pas dans le jazz étant marqués par une rencontre fortuite avec un morceau de Louis Armstrong aux Puces de Saint-Ouen. De là est née une amitié avec les plus grands musiciens de jazz, dont Django Reinhardt, et une carrière qui l’a conduit à explorer et préserver l’histoire du jazz à travers ses films. Il se décrit comme un « collectionneur altruiste », un passionné qui a voulu offrir au public un accès à ses trésors cinématographiques, qui dépassent la simple rareté pour devenir une leçon vivante d’histoire et d’émotions.

Les films de sa collection capturent non seulement l’essence du jazz mais aussi la vibrante culture de la danse afro-américaine, en particulier la tap dance, avec des figures légendaires comme Bill « Bojangles » Robinson, les Three Brown Jacks, ou encore les Nicholas Brothers. Ils dansent, ils improvisent, et au-delà des figures spectaculaires, leur art est un langage d’émotion pure. Dans des films comme *Black and Tan Fantasy* (1929) de Dudley Murphy, avec Duke Ellington et Fredi Washington, ou *Count Basie and His Sextet* (1951) de Will Cowan avec Billie Holiday, on découvre l’interaction unique entre la musique et la danse, fusionnant les corps et les rythmes dans une transe créative qui va bien au-delà de la simple performance.

Pour Jo Milgram, ce n’est pas seulement la beauté des gestes ou la virtuosité des danseurs qu’il veut partager, mais aussi l’âme d’une époque où le jazz et la danse étaient à la fois un exutoire et un moyen d’affirmer une identité. À travers des films comme *Swinging on Nothing* (1944), avec Velma Middleton, ou *The Umbrella Man* (1959), où Dizzy Gillespie et Louis Armstrong se produisent ensemble, Milgram nous plonge dans un monde où la danse n’est pas seulement une forme d’art mais un acte de résistance joyeuse.

À travers cette collection, Jo Milgram nous fait revivre un instant suspendu, où la danse et la musique se rejoignent pour transcender le quotidien et célébrer la liberté d’expression. Ses films sont un hommage aux géants de l’art jazz et de la danse, des artistes qui ont su, par leurs pas et leurs rythmes, redéfinir une époque et offrir à leurs communautés une forme de libération. Et c’est cette libération, cette puissance de l’art vivant, qu’il continue à partager, encore aujourd’hui, avec un public avide de redécouvrir les trésors oubliés du cinéma de jazz.

Quelques titres :
Rockin’ Chair, 1957, par Jack Teagarden et Louis Armstrong,
Take the A Train, 1943, Duke Ellington et son orchestre,
Rhythm and Blues Revue, 1956, de Joseph Kohn, avec Nat King Cole
Buzz Me, 1945, avec Louis Jordan
The Umbrella Man, 1959, Dizzy Gillespie et Louis Armstrong,
Hooray for Love !, 1935, de Walter Lang, extrait, avec Bill « Bojangle » Robinson, Fats Waller et Jenny Le Gon