— Par Pierre Alex Marie-Anne —
« Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises ce sont les martiniquais », l’auteur de cette fameuse maxime, tout le monde le sait, est l’illustre Dr Pierre ALIKER , mon parrain, à l’égard duquel j’éprouve la plus haute estime et le plus profond respect ;
Force est pourtant de constater qu’elle ne se vérifie pas dans les faits et que cette affirmation relève plutôt de sa part, ainsi qu’il a pu le dire à propos du moratoire décrété par CESAIRE, « d’un moment de distraction ».
La gestion du dossier du TCSP en fournit, s’il en était encore besoin, une éclatante démonstration.
Un investissement colossal de 400 millions d’euros, de près du tiers du budget de la Collectivité Territoriale de Martinique, et quoi à l’arrivée ?: 14 super-bus, à un million pièce,en train de pourrir dans un garage, pendant que les infrastructures du réseau se dégradent lentement mais sûrement.
Voilà l’exploit réalisé par nos fameux spécialistes locaux, à cause de leur incapacité à mettre de côté leur égo pour s’entendre sur le coût d’exploitation de ce mode de transport, qu’ils semblent découvrir aujourd’hui, plus de dix ans après le lancement effectif de l’opération.
C’est consternant !, d’autant que ces soi-disant hérauts de la responsabilité locale, se sont vus contraints de passer la main à des spécialistes ″venus d’ailleurs‟, comme ils affectionnent de le dire, dont on peut légitimement se demander pour le compte de qui ils sont en vérité le cheval de Troie.
Tout ceci doit amener à une profonde réflexion sur l’origine véritable d’un pareil désastre.
Sa source réside en réalité dans l’inadaptation du mode de gouvernance institué par la réforme institutionnelle ayant crée la CTM.
Le système électoral,qui le détermine, est tout simplement aberrant pour une petite communauté qui ne peut se payer le luxe des divisions en vigueur au plan national ; il a été en effet conçu par le champion,toutes catégories, de l’affrontement et du clivage camp contre camp.
Il faut donc sortir de cette logique d’affrontement stérile et tout faire au contraire pour privilégier l’unité des forces politiques et sociales dans la gestion des affaires locales, en s’inspirant de ce qui a marché auparavant.
Il est impératif de revenir à une juxtaposition du scrutin majoritaire et de la représentation proportionnelle qui seule peut garantir, comme sous le règne des ex-Conseil Départemental et Régional, l’ équilibre entre la représentation des citoyens dans leur ensemble et celle des territoires communaux, qui sont le véritable fondement de la Démocratie.
C’ est aussi le meilleur moyen de permettre à des individus, reconnus pour leur valeur intrinsèque et pas seulement parce qu’ils ont été couchés sur une liste par celui qui est à sa tête, de s’affirmer et de jouer pleinement leur rôle d’authentiques représentants de la population, responsables et non inféodés à quelque intérêt ou personne que ce soit.
A l’heure où la question institutionnelle revient sur le tapis, par la volonté du Président de la République, la classe politique comme les citoyens de ce pays, ne doivent pas laisser passer cette chance exceptionnelle de doter enfin la Martinique des bases électorales d’un développement serein, au service du bien commun, dans l’harmonie de tous ses enfants.
Pierre Alex MARIE-ANNE