« Venus & Serena, ces icônes que l’Amérique ne voulait pas voir » sur Youtube et Arte.Tv
La réalisatrice Sonia Dauger réalise un brillant portrait des deux sœurs et documente l’immense influence de ces tenniswomen sur une société américaine encore bien trop discriminante.
Venus et Serena Williams sont aujourd’hui de véritables icônes, dont le rayonnement dépasse largement le monde du sport.
La réussite des deux tenniswomen, au mépris de tous les déterminismes, est l’incarnation même du rêve américain. Mais leur parcours, freiné par les discriminations et raconté dans cet excellent documentaire de Sonia Dauger, est aussi la parfaite illustration des défaillances de la société états-unienne.
« Elles ne se sont jamais excusées d’être qui elles étaient. Elles sont restées sincères et, d’une certaine manière, leur succès a fait plier l’Amérique », explique la réalisatrice, également à l’initiative de l’excellent Denzel Washington, un modèle américain.
La documentariste dresse un portrait brillant et tout en complexité de « ces icônes que l’Amérique ne voulait pas voir ». Elle précise : « Pas de la même manière et pas à la même époque, mais ces trois figures ont largement fait avancer la cause des Afro-américains. C’est ce qui m’intéressait et c’est ce que j’ai voulu raconter. »
« Sans Venus, pas de Serena »
Le film consacré aux sœurs Williams s’ouvre sur les images du dernier match de Serena, à l’US Open 2022. Elle échoue, ce jour-là, au troisième tour. Qu’importe, en plus de vingt-cinq ans d’une incroyable carrière, la tenniswoman a déjà tout gagné et restera, quoi qu’il arrive, dans les mémoires comme l’une des plus grandes sportives de tous les temps
À l’issue de cet ultime match, ses premiers mots vont à sa sœur. « Sans Venus, pas de Serena », lance-t-elle, en sanglots. Avec le temps, et les problèmes de santé de Venus, Serena Williams s’est imposée seule au sommet du tennis féminin.
Mais c’est à deux qu’elles ont marqué l’histoire. Venus et Serena Williams ont tout gagné, et l’armoire à trophées familiale, garnie de 62 titres de Grand Chelem dont 14 glanés en double, rend leur trajectoire totalement inédite dans l’histoire du sport.
Leur œuvre en dehors des terrains est tout aussi grandiose : pour devenir les immenses sportives que le monde connaît désormais, les deux ont dû s’élever contre un milieu sportif et un pays qui ne voulaient pas d’elles.
Face au mépris, aux moqueries, au racisme ou à la misogynie, les sœurs Williams ont toujours gardé la tête haute, clamant haut et fort leurs engagements et leur fierté d’avoir réussi en tant que femmes noires issues d’un milieu populaire. Ce faisant, elles ont ouvert la voie à toute une génération de sportives et sportifs afro-américains.
« Il n’y a pas, dans l’histoire, un seul sportif noir et masculin qui ait ouvert autant de portes et suscité autant de vocations », assure Sonia Dauger. Aujourd’hui, d’immenses stars comme le pilote de F1 Lewis Hamilton l’assument : sans les sœurs Williams, ils n’auraient sans doute pas pu, en tant qu’hommes et femmes noirs, faire de telles carrières.
Alors, Sonia Dauger leur rend un bel hommage et abat, une nouvelle fois, un travail remarquable. Son documentaire s’illustre aussi par la rigueur et la pédagogie avec laquelle elle déconstruit le racisme et le sexisme qui ont pesé sur les deux tenniswomen.
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Source : L’Humanité