— par Pascal Saffache et Indira Roseau —
Les risques naturels majeurs ont toujours défrayé la chronique : inondations, ouragans, séismes, tsunamis, éruptions volcaniques…sont autant d’aléas qui ont modelé les paysages, perturbé ou ralenti l’essor des sociétés humaines, et surtout endeuillé les populations.
Certes, tous ces aléas ne présentent pas la même occurrence, la même puissance, le même impact, toutes les régions ne présentent pas non plus les mêmes enjeux, la même vulnérabilité, mais le risque est toujours vécu comme limitant, perturbant, c’est un frein au développement économique, un obstacle au développement humain.
Si tous les aléas naturels sont craints, il en est un qui a toujours terrorisé les populations, il s’agit du risque sismique. Comment expliquer cela ?
Les séismes sont des vibrations de la croûte terrestre résultant du mouvement des plaques tectoniques ou lithosphériques. La partie externe de la terre est en effet constituée de plaques qui sont en équilibre instable sur une matière visqueuse (de la roche en fusion) : l’asthénosphère. L’asthénosphère étant animée de mouvements internes en raison de sa température élevée, les plaques se déplacent alors à la manière d’un bateau dérivant au gré des courants. Quand deux plaques s’affrontent (quand l’une plonge sous l’autre (phénomène de subduction), ou quand elles coulissent l’une par rapport à l’autre – ce que l’on appelle des failles transformantes) le frottement qui en résulte se traduit par des vibrations nommées séismes, ou tremblements de terre. Il est à noter que les séismes se produisent prioritairement en bordure des plaques lithosphériques.
Dans la Caraïbe, les séismes résultent de multiples phénomènes de subduction, le plus important étant le glissement de la plaque Atlantique sous la plaque Caraïbe au rythme moyen annuel de 2 cm.
La Martinique, la Guadeloupe, Haïti, et plus globalement toutes les îles des Petites Antilles se situant en bordure de la plaque Caraïbe (elles se localisent au maximum à 90 km de la zone de contact), leur vulnérabilité est grande.
Le dernier séisme majeur qui a affecté la Martinique date du 11 janvier 1839. D’une magnitude approximative de 8 sur l’échelle de Richter (échelle graduée de 0 à 9), ce séisme fit 4000 morts environ et détruisit le chef lieu, Fort-de-France, ainsi que de nombreux autres bourgs comme Case-Pilote, par exemple.
Depuis, la Martinique a connu quelques secousses importantes – celle du 30 août 2005 (magnitude 6), par exemple – mais celle dont tout le monde se souvient est celle du 29 novembre 2007 (magnitude 7,2), dont la puissance et la durée hantent aujourd’hui encore les mémoires.
Dans notre région la terre tremble en moyenne une fois par jour, mais il s’agit de micros secousses non perceptibles par la population. Ce qui rend cet aléa si dangereux et effrayant, c’est son caractère imprévisible. Il a d’ailleurs été possible de s’en rendre compte le vendredi 3 février 2017 quand, en milieu d’après-midi, un séisme de magnitude 6,1 nous rappela notre très grande vulnérabilité.
Pour pallier cette vulnérabilité, de nombreuses actions sont initiées aujourd’hui par les services de l’Etat, les collectivités, les associations… Tout cela est-il suffisant ?
En réalité, en dépit de tout ce qui est fait et serait possible de faire, il n’y a pas meilleur acteur de sa protection que le citoyen lui-même. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Université Populaire de la Prévention et des Risques (UPPR) sensibilise et informe régulièrement le grand public aux risques naturels majeurs (quels sont les bons comportements à avoir ?).
Il ne s’agit nullement d’effrayer la population, mais bien d’appréhender les dangers auxquels elle peut être confrontée. L’idée est de développer une vraie culture du risque pour que la Martinique devienne un territoire résilient.