Lundi 4 avril à 17h30, à la BU du campus de Schoelcher
Intervention de Delphine Thibault
Depuis 2014, les côte caribéennes sont confrontées à des échouages massifs de ces algues non fixées qui, emportées par le courant, viennent pourrir sur le littoral atlantique de nos territoires. Delphine Thibault nous expliquera ce que l’on sait du déplacement de ces algues, en prise directe avec des recherches en cours.
Docteur en Sciences biologiques et fondamentales appliquées, Delphine Thibault est maître de conférences à l’université Aix-Marseille
Ni Café philo, ni conférence académique en modèle réduit, le Café U est un carrefour d’échange et de discussion, initié par des scientifiques du DSI dans une volonté de diffusion et de partage du savoir. Il a vocation à s’ouvrir aux sciences exactes autant qu’aux sciences humaines et sociales.
Entrée libre et gratuite, venez nombreux !
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Le fléau des sargasses
L’archipel antillais doit faire face à la prolifération des algues sargasses depuis quatre ans. Déforestation au Brésil, sable saharien, dérèglement climatique et hausse de la température des eaux océaniques constituent, pour elles, un cocktail nutritif détonant.De notre envoyé spécial. Début novembre sur une plage de Goyave, sur la côte Est de La Basse-Terre. Quelques ambassadeurs de l’environnement ratissent des algues brunes tandis qu’une machine tractée les ramasse avant qu’elles ne soient transportées dans un centre de stockage improvisé.Ces algues pélagiques, ce sont les sargasses. Elles prolifèrent dans l’arc antillais depuis quatre ans, se déposent notamment sur le littoral guadeloupéen qu’elles atteignent, portées par les courants circulaires nord-équatoriaux, des Caraïbes et des Antilles. Ces sargasses forment parfois de gigantesques radeaux de plusieurs centaines de kilomètres de long entre le Brésil et des îles du nord des Antilles, note Franck Mazéas, dans une synthèse de la Deal Guadeloupe (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).
Cocktail détonant de facteurs
Comment s’explique le phénomène ? Dérèglement climatique, hausse de la température moyenne des océans font partie des hypothèses avancées. Mais c’est surtout leur capacité à capter des nutriments en provenance de grands fleuves, telle que l’Amazone, qui charrie des alluvions gorgées de sols déforestés et soumis à l’agriculture intensive, qui est avancée par des observateurs attentifs, tels que le biologiste et botaniste Jacques Portecop, professeur honoraire de l’université des Antilles, et le géographe Max Etna, ancien vice-président du Parc national de Guadeloupe. Les sargasses raffoleraient aussi de poussières de sable du Sahara, riches en fer et phosphates, qui traversent l’Atlantique.À l’approche des côtes, ces immenses bancs d’algues empêchent la lumière de pénétrer les fonds marins et nuisent donc à l’épanouissement de la flore et de la faune, dont les coraux. Elles pénalisent aussi fortement les pêcheurs côtiers, comme Daniel, rencontré sur le port de Goyave. « On ne sort plus quand les sargasses sont là. Les algues s’accrochent dans les filets, ça prend des jours pour les nettoyer, et puis des graines d’algues provoquent la casse des moteurs. Pour la dizaine de pêcheurs d’ici, la pêche a diminué de 50 % avec les sargasses. Certains ont abandonné », relate-t-il….