— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Il y a deux explications possibles à ce qui apparaît à tous comme une incurie :
La première, la plus évidente, l’incapacité des dirigeants actuels de la Collectivité Territoriale de la Martinique, comme dans la plupart des domaines, d’agir efficacement avec célérité .
La justification du retard dans la réalisation de cet acte fondamental, qui conditionne l’efficience de son fonctionnement, par la nécessité du renouvellement préalable des instances syndicales dont l’avis était requis ne tient pas la route, car rien n’a véritablement changé depuis que ce dernier est intervenu.
La réalité est que les conseillers territoriaux sont dénués de toute capacité d’initiative et d’influence sur les décisions, celles-ci étant l’apanage exclusif et discrétionnaire du ″maître des ordonnancements″
Leur rôle se limite à défendre avec zèle les options prises par ce dernier, à l’instar de ses laudateurs attitrés sévissant dans les médias.
C’est à qui de ces deux espèces d’affidés vantera avec le plus d’emphase le sens de la stratégie et l’habileté tactique et manœuvrière du guide suprême ,du leader maximo.
Voilà la triste réalité où en sont réduits en ce début de XXI°siècle , les descendants des esclaves affranchis de la Martinique, par la grâce d’une réforme statutaire improbable qui, sur la base d’ une expression populaire délibérément faussée, aboutit à l’hyper-concentration des pouvoirs entre les mains d’une même personne, dépourvue par ailleurs de tout véritable contrôle.
Ce système anti-démocratique et archaïque de gouvernance sécrète en lui-même l’impuissance car il stérilise tout esprit d’initiative et de créativité.
Mais il y a une autre explication, non exclusive de la précédente mais plus subtile, et qui ne doit rien au hasard ; elle correspond aux intentions profondes, bien que dissimulées, de notre indépendantiste ″enba fey″ (en bas feuille) : ramener le niveau de vie des martiniquais à un niveau compatible avec la revendication d’indépendance.
Dans son esprit, il est donc impératif de réduire la charge insoutenable, potentiellement mortelle, que constituerait pour le mini- Etat qu’il appelle de ses vœux, le maintien d’un régime de protection sociale calqué sur celui de pays européens à l’économie hautement développée.
Mais comment y parvenir sans risquer″ l’exécution capitale‟ qui résulterait immanquablement de la protestation massive de toutes les forces syndicales et sociales, légitimement attachées à la conservation des droits et avantages sociaux, acquis au prix de dures et parfois sanglantes luttes.
Le PPM en sait quelque chose, lui qui a dû prudemment se rallier à l’article 73 qu’il essaie depuis désespérément de concilier avec sa revendication ″d’autonomie pour la nation martiniquaise ‟.
Il lui faut donc ruser et emprunter les chemins de traverse comme par exemple celui de l’organigramme, qu’on aimerait bien laisser en plan pour éviter de figer les situations individuelles dans des statuts ou des contrats contraignants et laisser ainsi la porte ouverte pour des ajustements futurs (vous m’avez compris !).
Machiavélique me direz-vous ? je vous renvoie au‟ grand entretien″ de notre seigneur et maître paru dans le magazine des REGIONS de France, d’Avril 2017 ;
Question de RM : la collectivité( CTM )compte 4500 agents pour un peu moins de 400.000 habitants. N’est-ce pas trop ?
La Réponse fuse: « cet écart (entre les effectifs de la collectivité martiniquaise et les autres) est énorme, énorme, il nous faudrait seulement 600 agents » !
Voilà me semble-t-il l’explication véritable, sous-jacente, des retards et hésitations de l’Exécutif territorial sur ce chantier de l’organigramme. : il ne veut pas se lier les mains en gravant dans le marbre l’effectif actuel de la CTM qui ne lui laisse guère espérer de marge de manœuvre .
Ce débat, non dénué d’intérêt cependant, pourra un jour être ouvert, à condition qu’il ne soit pas pollué par les arrière-pensées séparatistes.
Mais une chose est sûre et certaine, il ne pourra intervenir, en toute hypothèse,que dans le cadre de la mise en œuvre d’un Plan dynamique de Développement, garantissant la création massive de nouveaux emplois en remplacement, basé sur des recettes exceptionnelles et nouvelles, dont on n’aperçoit pas pour l’instant les moindres prémices.
Pierre Alex MARIE-ANNE