Les Misérables : « Vous n’éviterez pas la colère et les cris »

Ladj Ly est réalisateur et coscénariste avec Giordano Gederlini du film Les Misérables, en salle dès le 20 novembre.

« Le point commun de certains quartiers réside dans ces lieux que l’on nomme souvent « zone de non-droit », où l’Etat n’est pas présent, et c’est cela que l’on voulait représenter.      »           
(Ladj Ly)

Les Misérables est avant tout un film sur l’enfance. Les enfants, c’est le groupe un peu énervé, les filles qui tentent de se faire respecter, et Buzz, celui qui filme avec son drone, le témoin qui garde une trace filmée de la bavure. La rébellion passe par les deux enfants : Issa, celui qui agit par colère, et Buzz, celui qui regarde.

« Ça va faire plus de 10 ans que j’essaie de tourner ce film, tout le quartier a été mobilisé, on a embauché plus de 200 personnes. On voulait travailler avec des professionnels, mais aussi avec le habitants, parce que c’est aussi leur histoire. »                
(Ladj Ly)

A Cannes, Ladj Ly avait interpellé Emmanuel Macron pour lui proposer d’organiser une projection à l’Elysée, comparant son film à « un cri d’alerte qui parle de la place de l’enfance dans ces quartiers difficiles ». L’équipe de l’Elysée lui avait donné son accord. Puis Ladj Ly s’est ravisé, trouvant plus symbolique que le président de la République vienne voir le film à Montfermeil. Mais, sans nouvelles, Ladj Ly a finalement envoyé un dvd.

 
« J’ai lancé un appel au président de la République pour qu’il voit ce film, je pensais que c’était important. Je crois avoir fait un film juste qui n’est pas anti-policier, je sais qu’ils travaillent dans des conditions difficiles. C’est un témoignage sur la misère sociale.   »              
(Ladj Ly)

« [Ladj Ly] a réussi à ouvrir une porte avec ce film et il laisse l’épaule collée à la porte pour que les autres puissent entrer. C’est un travail qui consiste à donner la parole, ce qu’il faisait déjà dans « A voix haute » et qu’il accomplit aujourd’hui avec cette école. Je trouve cela remarquable.  »             
(Giordani Gederlini)

Ce n’est pas une adaptation du classique de Victor Hugo, Les Misérables, qui se déroule aussi à Montfermeil. C’est une plongée en immersion dans le quotidien de la cité des Bosquets à travers la bavure d’une patrouille de la BAC. La référence avec le livre de Victor Hugo, outre la localisation géographique et l’univers terrible dans lequel vivent les personnages, transparaît surtout à travers le personnage de l’enfant : Issa.

« On est quand même loin d’une adaptation; le seul personnage emprunté est Gavroche. Le point commun, c’est qu’on est dans un contexte insurrectionnel, avec Hugo comme avec Ladj Ly.                
(Giordani Gederlini) »

Source : FranceCulture.fr