— Par Christian Antourel —
Il y a un an, presque jour pour jour, la Compagnie du Théâtre des Asphodèles présentait au Théâtre Aimé Césaire « Les Irrévérencieux » premier volet d’un triptyque théâtral. Luca Franceschi créait un melting- pot théâtral saisissant, haut en couleur dans l’aisance disciplinée d’un grand
équilibre farcesque La Compagnie des Asphodèles revient avec le second opus « Les Irrévérencieux. Le quatrième mur » L’idée est d’aller sur un grand texte.
Cette rencontre entre plume et plateau, à la fois artistique, disciplinaire et humaine, nous ouvre le territoire d’une réflexion commune sur le métissage et toutes les formes d’émancipation, celle des imaginaires des langues et des
Cultures. Ce spectacle original imagine l’histoire de Samuel Akounis, véritable metteur en scène et pacifiste juif grec en exil en France, qui a l’idée aussi folle qu’utopique de monter la pièce de Jean Anouilh, Antigone, à Beyrouth, dans un Liban déchiré par la guerre, avec un dénommé Georges metteur en scène amateur à ses heures perdues. Ils veulent rassembler sur scène, le temps d’une trêve poétique, des comédiens issus de chaque camp belligérant de ce conflit. Antigone va ainsi rassembler tous les acteurs de cette guerre aux diverses horizons politiques et religieux. Théâtre, human beatbox, danse, hip hop… Une écriture scénique à la croisée de disciplines urbaines propres à l’éclosion d’un univers poétique et sensible qui soit aussi une fenêtre ouverte sur le monde.
« Le théâtre devient étendard, le jeu de l’acteur, acte de résistance »
Trop de gens résument la Commedia Dell’arte aux masques et au burlesque. Ici la Compagnie met vraiment l’accent sur l’interaction entre les comédiens et le public, par une distanciation entre artistes et personnages. Come le voulait la tradition italienne. La Commedia dell’arte, ce n’est pas seulement avoir un masque, un archétype, une gestuelle, c’est aussi de faire passer un message très important, y compris avec les mots. « Le théâtre devient étendard, le jeu de l’acteur, acte de résistance» Un spectacle bigarré, fantasque et très attachant. Une fantaisie foisonnante et éclectique qui résonne à la façon d’une envolée poétique et lyrique à la gloire des mystères et des enchantements de l’art dramatique. Une œuvre qui permet au metteur en scène de combiner différents vocabulaires scéniques. Dans lesquels il fait se côtoyer de multiples univers et donne corps à une représentation nettement personnelle. Cette cocasserie débridée qui surgit de cet emboitement dramaturgique, en forme de liberté extrêmement touchante. Voilà bien la principale ligne de force de la Commedia dell’arte.
LE QUATRIEME MUR
« Si au théâtre le 4ème Mur désigne un « mur » imaginaire séparant la scène des spectateurs et «au travers» duquel ceux-ci voient les acteurs jouer, dans la Commedia dell’arte, tout est justement question de son abolition, il n’y a pas de quatrième mur, le comédien s’adresse directement au public. Avec ce texte magnifique de Sorj Chalandon, nous pénétrons au cœur d’un fait exceptionnel : « On ne sort pas indemne » du regard que l’on porte sur soi…. »
Pratique :
Au Théâtre Aimé Césaire
Une adaptation du roman de Sorj Chalandon
Jeudi 19, Vendredi 20
Samedi 21 Janvier 2017 a 19H30
Direction artistique : Thierry Auzer
Adaptation et mise en scène : Luca Franceschi
Chorégraphie : Fanny Riou
Création musicale : Tiko (Nicolas Giemza)
Création 2016 de la Cie du Théâtre des Asphodèles
Réservations : 05 96 59 43 29.
Christian Antourel