Il m’a fallu passer à proximité d’une déchèterie pour me rendre compte d’une autre catastrophe qui se produit en Martinique, occultée par la place qu’occupe la crise du coronavirus et le bruit assourdissant de l’intox qu’elle génère. Il y a pourtant des inquiétudes réelles à avoir au sujet du combat des employés du Syndicat Martiniquais de Traitement et Valorisation des Déchets (SMTVD).
Il me semble que des dispositions ont été prises pour qu’un service ‘minimum’ soit assuré, je reconnais que pour moi-même, citoyen ordinaire qui acquitte une taxe d’enlèvement des ordures conséquente, la grève des employés du SMTVD est à peine notable. Elle ne doit plus préoccuper que les grévistes et ceux qui résident le long des voies d’accès des différentes déchetteries.
La motivation des grévistes dont la revendication première, telle qu’elle m’est parvenue, est la titularisation de salariés, laisse perplexe. Ceux–ci se montrent exigeants sur le nombre de titularisations. Il est surprenant, dans le cadre de la gestion d’une collectivité publique, que le problème se pose. L’emploi et les titularisations sont réputés encadrés par des règles très strictes. Je suppose que ceux qui revendiquent en sont bien informés et demandent l’application de leur droit à leur employeur qui devrait s’y plier.
Dans l’expression de leurs exigences, on comprend que ces titularisations ont tardé à venir au point qu’un tel nombre de salariés soit concerné actuellement et justifie cette réclamation en bloc.
Face à eux, les responsables de la collectivité, issus de la classe politique, avancent le coût de ces titularisations et la nécessité de les échelonner.
Comment en est on arrivé là ? Comment des travailleurs se considèrent « floués » par des employeurs qui ne sont pourtant pas des entrepreneurs privés motivés par une idéologie libérale puisque se sont des élus ?
La réponse serait-elle dans cette observation faite régulièrement par la Cour des Comptes aux collectivités quel qu’elles soient : l’emploi pléthorique et la part de la masse salariale dans leur budget.
En utilisant cette technique propre au commerce qui fait d’un client satisfait une dizaine de clients potentiels, les responsables de collectivités ne sont ils pas pris à leur propre piège oubliant que, malgré leur statut, ils demeurent légalement dans l’obligation de respecter les règles de l’emploi vis-à vis de leurs salariés.
Ces mouvements sociaux qui touchent régulièrement un service vital pour notre communauté, inquiètent le contribuable que je suis et devraient attirer l’attention de mes concitoyens. L’avenir du service d’enlèvement et du traitement de nos ordures dans ce contexte suscite quelques inquiétudes.
Si nous y réfléchissons, nos déchets sont pris en charge par un système exemplaire répondant aux normes européennes et mis en place ces dernières décennies par des techniciens consciencieux. Ce système a un moyen de financement aussi sûr que celui de notre système de santé, notamment par le biais de la taxe d’enlèvement des ordures qui doit représenter un montant considérable. Il semble cependant que dans sa gestion des hommes et des moyens, il y a des dysfonctionnements répétés.
Prenons garde que ces crises et dysfonctionnements s’accentuant, malgré des infrastructures et des sources de financement conséquentes, on n’aboutisse pas à une paralysie de ce service qui en raison de notre statut d’île serait une catastrophe majeure.
Prenons garde que les gestionnaires ne trouvent d’issue aux problèmes, dont ils auront leur part de responsabilité, qu’en remettant, cet outil de travail monté patiemment pendant près de trois décennies, à des entrepreneurs privés qui sévissent sur le plan international… Ceci au cours de négociations se faisant sous le sceau du secret comme celles en cours avec les grévistes (cf. Journal de 19h du 28 Août 2021 sur Martinique 1ere) …