A Madiana
Adaptation fantaisiste et décalée d’une bande dessinée américaine, ce film de science-fiction séduit par son esprit potache et picaresque.
Des super-héros au diapason de l’histoire
James Gunn, film américain, 2 h 01
Ne vous fiez pas à l’affiche ! Sur une toile de fond cosmique, un aventurier en pardessus carmin, une amazone couleur chlorophylle, un colosse bleu canard tatoué de toutes parts, un tronc d’arbre vivant et un raton laveur armé d’un gros calibre arborent des mines guerrières. Rien de bien engageant, il est vrai. Et pourtant, on aurait tort de se détourner des aventures picaresques de cette troupe de carnaval que James Gunn réussit à rendre attachante et drôle.
Le choix de ce réalisateur de parodies de films d’horreur ou de superhéros, adepte du « nanar » volontaire, était pour le moins audacieux. Après avoir parié sur Joss Whedon, créateur de séries télévisées fantastiques, pour les Avengers (succès planétaire en 2012), les studios Marvel, chargés des adaptations cinématographiques des BD de superhéros éditées par la vénérable maison d’édition éponyme, ont eu le nez creux en recrutant ce cinéaste qui a le mérite de ne jamais se prendre au sérieux.
Un scénario secondaire
Les recettes de ce « space opera » restent celles des films les plus connus de ce sous-genre de la science-fiction, La Guerre des étoiles ou Star Trek : affrontement du bien contre le mal, quête initiatique et combats intergalactiques pour sauver l’univers. Le scénario présente donc peu d’intérêt, tout le charme de ce type de grosses productions résidant dans l’originalité des mondes extraterrestres et la richesse des rapports humains qui naissent entre les personnages.
Les Gardiens de la galaxie remplissent de ce point de vue le cahier des charges avec un talent indéniable. Dans des décors à l’esthétique travaillée, le film offre même quelques beaux moments de poésie visuelle. Plongée dans l’obscurité, l’équipée se voit sauvée par Groot, humanoïde semblable à un arbre, qui illumine le décor de petites étincelles.
Mais c’est surtout l’esprit potache de James Gunn qui fait des étincelles, interrompant les scènes d’action les plus spectaculaires par des gags très efficaces et transformant avec bonheur ce récit fantastique en kermesse héroïque.
Stéphane Dreyfus