— Par David Larousserie —
Seulement 34 % des rôles sont tenus par des actrices révèle une étude portant sur 3 770 films sortis entre 1985 et 2019.
L’intelligence artificielle peut-elle réduire les inégalités femmes-hommes au cinéma ? Sans doute pas, mais elle peut au moins contribuer à objectiver cette question, comme le montre une équipe du Centre Marc-Bloch, à Berlin, dans un article à paraître dans le journal en ligne Humanities and Social Sciences Communications.
Un trio d’informaticiens a évalué la part du nombre de visages féminins dans l’ensemble des visages présents dans plus de 3 770 films entre 1985 et 2019, ce qui en fait la plus grosse étude de ce type. Une telle masse de données aurait été impossible à traiter sans le recours à des algorithmes d’identification automatique du genre, qui est l’une des spécialités des techniques d’intelligence artificielle par apprentissage machine, très performantes depuis les années 2010.
Le verdict, sans surprise, est tombé. En moyenne, seulement 34 % des visages dans ce corpus sont féminins. Mais, plus original, l’étude montre que ce ratio augmente au cours du temps : il est d’environ 45 % pour la période 2014-2019, contre environ 25 % pour la tranche 1995-1998. Mieux, la distribution se féminise ces cinq dernières années avec 10 % de films dépassant les 60 % de visages féminins, comme Bad Moms, Sisters, Rivales ou Instinct de survie, alors qu’il n’y en avait aucun avant 2014. Le corpus a été défini en prenant les films les plus téléchargés sur des sites illégaux pair-à-pair et présents dans la base de données cinématographique Internet Movie Database (IMDB).
Les films d’horreur en tête
Le résultat confirme des conclusions auxquelles était arrivée une équipe associée à Google en 2017 et qui avait passé au crible automatiquement les 100 films du box-office des années 2014-2016. « Nous arrivions à peu près à la même chose en termes de pourcentage, soit 36 % de femmes. Et c’est similaire à ce que d’autres chercheurs trouvent en comptant “à la main” », rappelle Tanaya Guha, de l’université de Warwick (Angleterre). Son équipe avait aussi montré que la présence féminine dépend du type de film…
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