10 , 11 & 12 decembre 2015 à 19h 30 au T.A.C.
Jean de La Fontaine est monté sur la scène du Théâtre (de Fort-de-France) avec deux comédiens : à la demande du roi Louis XIV, il doit concevoir un spectacle divertissant. Situation imaginaire qui constitue un bon point de départ pour une mise en scène des fables, une petite dizaine parmi lesquelles des incontournables comme Le lièvre et la tortue (« rien ne sert de courir ; il faut partir à point ») ou La cigale et la fourmi (« vous chantiez, j’en suis fort aise : eh bien ! dansez maintenant »). De fait, le spectacle, qui s’adresse à tous les publics, divertit fort. William (pas Daniel !) Mesguich s’est mis en scène dans le rôle de La Fontaine. Il mène le jeu avec l’autorité et l’abatage qui conviennent, ses deux comparses incarnant tour à tour les différents animaux sur le mode de la farce. Le parti est de faire rire en nous en mettant plein la vue (masques, costumes, vidéo) et les oreilles (voix off, bruitage, musiques puisées dans le répertoire du XVIIe siècle à aujourd’hui). Et cela marche, comme en font foi la vigueur et la longueur des applaudissements. Les tableaux (les fables) s’enchaînent sans temps mort dans des registres très variés, jusqu’au rap. On a le plaisir d’entendre des vers connus et d’en découvrir d’autres. Gageons que ce spectacle aura donné à plus d’un l’envie de se (re)plonger dans le recueil des fables de La Fontaine.
Deux ou trois remarques critiques néanmoins. D’abord, le parti de faire rire n’est pas adapté à toutes les situations décrites par La Fontaine, en particulier aux Animaux malades de la peste, une fable terriblement cruelle (« selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir »). William Mesguich en est bien conscient puisqu’il la traite différemment des autres. Différence qui, cependant, ne suffit pas à exprimer toute l’horreur de la situation et ces animaux malades, du coup, tombent un peu à plat. Peut-être aurait-il fallu choisir une autre fable à la place de celle-ci afin de rester dans la tonalité de l’ensemble du spectacle ? On en dira autant – mais pour une autre raison – de la fable intitulée Le hérisson et le caméléon, qu’on chercherait longtemps dans le recueil de La Fontaine puisqu’elle n’est pas sortie de sa plume… et cela se sent : n’est pas La Fontaine qui veut ! Enfin – mais peut-être cela est-il dû à une défaillance qui nous est propre – nous avons eu un peu de mal avec les mots prononcés dans les tons suraigus.
Au Théâtre municipal de Fort-de-France les 11, 12 et 13 décembre 2015.