Un bilan encourageant mais des défis persistants
Les violences faites aux femmes demeurent un fléau majeur en France, et la lutte contre ce phénomène est au cœur des priorités des autorités publiques. Le ministère de la Justice, en amont de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, a dressé un bilan de l’utilisation des dispositifs de protection, tels que les « téléphones grave danger » et les bracelets anti-rapprochement. Si ces outils montrent des signes d’efficacité croissante, des défis subsistent pour assurer une réelle protection et prévention des violences.
Le téléphone grave danger : un dispositif en plein essor
Introduit en 2009 en Seine-Saint-Denis et étendu à l’échelle nationale en 2014, le « téléphone grave danger » constitue une avancée majeure dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce dispositif permet aux victimes de violences de signaler immédiatement leur situation en appuyant sur un simple bouton. Doté d’un système de géolocalisation, il permet de relier instantanément la victime à un professionnel formé, et d’alerter les forces de l’ordre. En février 2024, 4 911 téléphones étaient en service, marquant une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
En 2024, 3 000 alertes ont abouti à des interventions des forces de l’ordre, témoignant de l’efficacité de cet outil en situation d’urgence. Toutefois, cette évolution positive ne doit pas occulter certains défis, notamment en matière de réhabilitation des victimes et de prévention des violences. L’efficacité de ce dispositif dépend aussi de la sensibilisation des femmes à son existence et de la confiance qu’elles accordent à ces outils de protection.
Les bracelets anti-rapprochement : entre succès et obstacles
Instaurés par la loi du 28 décembre 2019, les bracelets anti-rapprochement représentent un autre outil essentiel pour la protection des victimes. En février 2025, 770 de ces dispositifs étaient actifs, contre 983 l’année précédente, marquant une légère diminution. Ces bracelets, portés par les conjoints ou ex-conjoints violents, permettent de géolocaliser l’agresseur et d’envoyer une alerte lorsque ce dernier s’approche d’un périmètre défini par le juge. En quatre ans, 2 591 décisions de placement sous ces bracelets ont été prises, contribuant à réduire les risques pour les victimes.
Malgré leur utilité, le bilan reste préoccupant. Entre 2017 et 2023, le nombre de condamnations pour violences conjugales a connu une hausse impressionnante de 136%, passant de 22 202 à 52 302, et les évictions du domicile ont augmenté de plus de 200%. Ces chiffres témoignent d’un problème toujours aussi préoccupant, malgré les progrès réalisés.
Un engagement gouvernemental renforcé mais des efforts à poursuivre
Le gouvernement, par le biais du ministère de la Justice, a fait de la lutte contre les violences intrafamiliales une priorité de sa politique pénale, à côté de la lutte contre le narcotrafic. Cette stratégie se reflète dans l’augmentation continue du nombre de dispositifs de protection, ainsi que dans la volonté de renforcer les mécanismes judiciaires et les mesures d’accompagnement des victimes. En 2023, un bilan du ministère de l’Intérieur a fait état de 96 féminicides, un chiffre en baisse de 19% par rapport à l’année précédente, ce qui, bien que positif, reste insuffisant face à l’ampleur du phénomène.
Il est donc essentiel de continuer à déployer ces dispositifs et à les améliorer, tout en mettant l’accent sur la prévention, la formation des professionnels, et l’accompagnement des victimes sur le long terme. Les défis sont encore nombreux, mais les progrès réalisés depuis quelques années montrent qu’un combat efficace est possible.
Sarha Fauré