Les femmes ne sont que 34 % à étudier dans les grandes écoles, 38 % dans les classes préparatoires et les instituts universitaires de technologie, des filières qui bénéficient des ressources financières publiques et privées les plus élevées.
Elles ont beau être plus nombreuses que les hommes à intégrer une formation de l’enseignement supérieur, les femmes restent sous-représentées dans les filières et les disciplines bénéficiant des meilleures conditions d’études. En résulte une disparité de genre, totalement liée aux choix d’orientation, que documente précisément une note publiée fin octobre par l’Institut des politiques publiques (IPP).
Dépenses d’enseignement supérieur : quelles disparités selon le genre des étudiants ?
Résumé :
Grâce à de nouvelles données sur le coût des formations de l’enseignement supérieur en France, associées à une enquête sur les ressources et conditions de vie des jeunes adultes, cette note documente les disparités de dépenses d’enseignement supérieur selon le genre. En raison d’une forte sous-représentation des femmes dans les filières bénéficiant des ressources les plus importantes (classes préparatoires aux grandes écoles, instituts universitaires de technologie, grandes écoles, etc.) ainsi que dans les disciplines scientifiques – plus coûteuses en raison de taux d’encadrement plus élevés, les dépenses d’enseignement supérieur consacrées aux étudiantes sont inférieures de 18 % à celles allouées à leurs homologues masculins. Ces disparités ne s’expliquent pas par des durées d’études différentes mais par des choix d’orientation différenciés en termes de filières et de spécialités disciplinaires.
Messages clés :
● Bien qu’elles accèdent plus souvent à l’enseignement supérieur que les hommes, les femmes restent largement sous-représentées dans certaines filières et disciplines : elles constituent moins de 40 % des effectifs des grandes écoles, des instituts universitaires de technologie et des classes préparatoires aux grandes écoles et environ un cinquième des effectifs dans les formations universitaires en mathématiques, ingénierie et informatique.
● Cette différenciation des choix de filières et de disciplines en fonction du genre se traduit par des dépenses d’enseignement supérieur inégales : les dépenses consacrées aux étudiantes sont inférieures de 18 % à celles allouées aux étudiants.
● Ces écarts concernent non seulement les dépenses publiques d’enseignement supérieur, mais également les dépenses privées (via les frais d’inscription payés par les parents).
● Les écarts sont particulièrement marqués dans le haut de la distribution des dépenses : 10 % des étudiants bénéficient de dépenses cumulées supérieures à 53 000 euros contre moins de 5 % des étudiantes.
● Les inégalités de genre en matière de dépenses d’enseignement supérieur s’expliquent entièrement par la différenciation des choix d’orientation des femmes et des hommes, qui se traduit par une inégale représentation dans les filières et les disciplines de l’enseignement supérieur :
Méthode et données :
Cette note s’appuie sur une étude consacrée aux inégalités d’accès à l’enseignement supérieur en fonction du revenu des parents (Bonneau et Grobon, 2022). Dans le cadre de cette étude, les auteurs ont calculé une dépense d’enseignement supérieur individuelle pour un échantillon représentatif de la population des jeunes adultes, ce qui permet de caractériser finement les disparités dans les dépenses d’enseignement supérieur en fonction des caractéristiques socio-démographiques des étudiants. Cette note s’intéresse spécifiquement aux écarts observés au prisme du genre.
Elle utilise à titre principal les données de l’enquête nationale sur les ressources des jeunes (ENRJ), réalisée conjointement par la Direction de la recherche, des études, de
l’évaluation et des statistiques (Drees) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 2014, couplée avec des données détaillées sur les dépenses d’enseignement supérieur. :
Auteur : Cécile Bonneau, doctorante en économie à l’ENS-PSL et PSE, doctorante affiliée IPP
Cette note a bénéficié du soutien de la Chaire Politiques éducative et mobilité sociale. Créée en 2021
dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Ardian, la Direction de l’évaluation, de la prospective et
de la performance du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) et PSE-École d’économie de Paris, cette chaire vise à promouvoir la recherche de haut niveau et la diffusion des connaissances sur les politiques éducatives et la mobilité sociale
Lire plus => Le Monde