— Par Florent Grabin —
C’est à partir du milieu du XIXe siècle que les entreprises spécialisées dans l’eau sont venues prêter » main-forte » aux communes ou à leur groupement en partageant leur(s) savoir(s) et leur savoir-faire dans le domaine. Si ces compagnies ont participé nettement aux progrès techniques liés au processus de production et de distribution de l’eau de boisson ainsi qu’à la collecte et à l’assainissement des eaux usées, elles ne sont pas pour autant propriétaires du réseau hydraulique français.
Actuellement, il existe plusieurs types de Délégation de Service Publique (DSP), pour répartir certaines tâches devenues trop complexes pour les collectivités. Cette gestion déléguée peut se scinder en 4 contrats : la concession, l’affermage, la gérance et la régie intéressée. Cela permettant au législateur de mettre un cadre pour border la gestion de ce précieux liquide. Ainsi, pour informer le consommateur, il existe la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL) où P.U.M.A. siège avec d’autres associations, afin de participer aux différents débats et aviser la population.
L’EAU, ce don du ciel fait, au niveau local, un important objet de convoitise, du fait des sommes colossales qu’elle génère. Cette appétence a rendu certains amnésiques, ils ont préféré ignorer la réalité de notre réseau en se laissant prendre au piège par un homme venu du froid. Ce dernier nous a conduits à la destruction de plusieurs années de travail quant à l’amélioration du traitement et de la distribution de l’eau. Le nier ou vouloir l’occulter c’est faire preuve de déni de réalité ; compromettant ainsi l’avenir de notre eau.
Espérant y développer un appétit pantagruélique, ces hommes ont oublié que le précieux liquide est un métier où il n’y a de place ni pour le bricolage, ni pour les manœuvres pouvant déboucher sur des contentieux judiciaires.
Par ailleurs, le 4 juin 2012, répondant à l’invitation à participer à la CCSPL de la C.A.C.E.M. sur le »Mode de gestion du service public d’assainissement du Lamentin » dont l’objectif était de mettre un terme au contrat de la S.M.E. nous avions donné un avis défavorable quant à ce mode opératoire, en indiquant qu’il était préférable d’attendre la fin du contrat prévu au 31 décembre 2014. Les élus ayant le dernier mot, ont préféré opter pour la résiliation immédiate : cette situation fait que les contribuables de la C.A.C.E.M. seront les seuls à payer le préjudice occasionné par cette décision politique.
Nous reviendrons en détail sur le déroulement de cette démarche.
Depuis quelques temps, nous entendons certains élus déclarer qu’ils vont faire baisser le prix de l’eau, qu’ils mettront tout en œuvre pour faire fusionner les syndicats de l’eau afin d’avoir une entité unique pour mieux gérer les différentes opérations. Le Cardinal De Richelieu affirmait que » la politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire « .
Ce qui serait nécessaire aujourd’hui :
– La refondation urgente de toute notre politique martiniquaise quant à une meilleure gestion de la production par deux syndicats.
– Pour ce qui concerne la distribution elle serait confiée à un regroupement de toutes les communes dans une Assemblée afin d’appliquer fermement nos lois sur l’eau.
P.U.M.A. a toujours soutenu que cette propension fusionnelle ne pourrait se transposer à l’eau, qui avant tout nécessite du professionnalisme : dès lors, plus personne ne parle de cette »Assemblée unique » de l’eau. Les divisions politiques sont la conséquence du fait que certains refusent de comprendre qu’ils sont élus pour servir la Martinique et non se servir de notre pays.
Au vu de tous les documents comptables, techniques et sanitaires, il est urgent de moderniser l’ensemble du réseau hydraulique et mettre en place ce vaste chantier. En conséquence, nous devons, dire la vérité à la population : cette initiative engendrerait inévitablement une augmentation du prix de l’eau et de son réseau d’assainissement.
Force est de constater que nous avons échoué collectivement. Car dans les différents rapports qui nous sont présentés, il est fait état d’une baisse considérable de la vente de l’eau du robinet et d’une augmentation progressive du traitement des eaux d’assainissement. Cette différence provient de l’arrivée massive de l’eau de pluie dans le réseau ; eau qui passe par les WC et lave linge de nos abonnés. Pour atténuer ce manque à gagner, les services administratifs proposent à nos élus de fixer une taxe sur les réservoirs de récupération d’eau de pluie.
Nous entendons régulièrement les services de l’État déclarer chaque année que l’eau de baignade est bonne. En analysant cette information, nous constatons qu’il s’agit des résultats d’étude de l’eau de baignade de l’année précédente ; alors même que la loi sur l’eau parle de résultats au quotidien. Pour des raisons purement socio-économiques, la réalité ne serait-elle pas avouable ?
Dans ce cas, comment prétendre que :
– nos eaux de baignades soient bonnes quand, dans le même temps, il est reconnu que nos installations d’assainissement individuelles et collectives ne sont pas en conformité et que de nombreuses communes sont mises en demeure de respecter la loi par ces mêmes services étatiques ?
– dans la commune du sud, recevant le plus de baigneurs, ces mêmes services ne soient pas alertés par l’émissaire de sa station d’épuration qui se trouve directement dans la mangrove avoisinante et par les eaux de ruissellement de son cimetière dominant l’une des plages les plus fréquentée de la côte ?
Dans ces conditions, nous pouvons affirmer que nos plages sont de véritables fosses « sceptiques » et qu’il y a là, un mensonge politique.
Nous reviendrons vers vous, pour vous informer sur les dysfonctionnements mettant sous pression nos élus qui devront, Pour Une Martinique Autrement, comprendre qu’il est urgent de se mettre, plus que sérieusement, au travail.
Il semblerait que le bon sens ne soit pas une qualité répandue chez certains de nos responsables politiques. La gestion de l’EAU demande la « re-mise » à niveau de notre intelligence collective.
Pour l’association écologique P.U.M.A.
Le Président.
Florent GRABIN