« Les confettis lépreux » & « Gaoulé, Gaoulé !

Par Yves Untel Pastel

Les confettis lépreux

Voici nos terres,
Voici Guanakera, voici Madinina,
Voici Karukéra, voici Mascarehnas,
Voici kanaky, voici Maoré.
Terres paradisiaques jadis, désormais lépreuses

Les voici, ces confettis dont toute respiration est souffrance
Terres captives sous les bottes de l’orgueilleuse France
Peuples frères des antipodes douloureux, je clame
Que dans la subordination, la peur et l’excès de convenance
N’ont jamais accouché d’une émancipation pérenne.

L’heure d’affronter l’ombre est venue, elle lancine,
Et nous avons beau esquiver ce frontal fracas
Nous y passerons où nous disparaîtrons !
L’envahisseur pilleur a faim d’une famine sans fin
Et sa seule profession de foi est froide et compulsive :
La grandeur de la France dans le monde.

Et pour nous, cette sentence est une malédiction.
Elle a la force de mille ouragans, chargeant
Piétinant, massacrant, s’installant, pillant !
Voici l’heure du soleil guerrier,
Voici le Guyanais, voici le Martiniquais,
Voici le Guadeloupéen, voici le Réunionnais,
Voici le Kanak, voici le Mahorais.
Tous, humanités en sursis,
Poitrines haletantes !

Gaoulé, Gaoulé !

Au crépuscule brûlant,
Vient la saison échue
De notre grand Gaoulé !

En nos bastions
Tropicaux,
Est-il temps
De louvoiement ;
Est-il temps
De bas calculs ;
Est-il temps
De douteuses
Compromissions ?

N’avons-nous pas
L’assurance
De notre intrinsèque
Souveraineté ?
Nos enfants, demain,
Ne seront plus
Le gibier tremblant
Des serpents
Échappés des froides royautés
Hivernales.

Nous sommes NOUS
En chair, en âme
Et en conscience,
Et nos quatre-chemins
Embrasés
Le proclameront
Aux tympans des nations abasourdies.

Gaoulé, Gaoulé !
À l’aurore levant
Montent les triomphantes clameurs
De notre grand Gaoulé !

Gaoulé
À l’ocre rouge de notre terre rougie
Gaoulé en verte parure
De nos terres encore saines
Gaoulé
Dans le noir sacré de notre humanité
Prémices à toute l’humanité
Gaoulé rouge, Gaoulé vert, Gaoulé noir
Rouge vert noir, tryptique archétypal !
Nous voilà élancés vers notre firmament,
Notre fier drapeau battant dans le vent.

Yves Untel PASTEL