— Par Roland Sabra —
Comment le choix de la pièce vient au metteur en scène?
Épisode 1
Jandira Bauer, metteuse en scène martiniquaise d’origine brésilienne a accepté la présence d’un critique tout au long de la gestation et l’accouchement d’un spectacle. Je vais tenter de rendre compte de cette aventure. Roland Sabra.
Jandira Bauer a consacré sa vie au théâtre. Du Brésil à la Martinique en passant par la France, elle a fréquenté, cotoyé, mais surtout appris auprès des plus grands. De Jean Genet à Ariane Mouchkine. De Jean Genet justement au début dea années 80 qu’elle rencontre comme comédienne dans « Les Bonnes ». Le Maître est imposant, la comédienne impressionnée car au-delà d’un apparent détachement il veille au grain. Jamais il ne donnera l‘imprimatur pour une version définitive de son texte. Ce sera la deuxième version, trois sont connues, deux publiées, la troisième aux archives Loius Jouvet.
Le texte « Les Bonnes », Jandira Bauer un quart de siècle après sa rencontre avec l’auteur, le connaît par coeur. Il n’a cessé de la travailler et, elle, n’a cessé de le travailler tout au long de sa carrière dans de nombreux ateliers. Il aura suffit d’une rencontre fortuite, d’une conversation de comptoir avec un théâtreux ignorant tout de l’intimité qui la liait à ce texte pour que le déclic se fasse. Il aura suffit, naïf, qu’il interroge : « Pourquoi n’a-t-on jamais monté « Les Bonnes » en Martinique ?» Peu importe de savoir si la question était juste! Peut-être a -t-on déjà monté « Les Bonnes » en Martinique! Mais pour qu’un metteur en scène se lance dans cette aventure c’est , que d’une certaine manière, la chose n’a jamais été faite. Ce qui l’unit au texte n’appartient, à ce moment là, le moment du choix, qu’à lui-même, et c’est cette implication singulière qu’il va tenter de restituer, d’offrir au public.
Jandira Bauer a donc décidé de faire entendre qu’elle aimait « Les Bonnes » et de l’assumer publiquement. Ce texte lui parle et ce qu’il lui dit ne relève pas seulement de l’intime mais peut être, doit être, car il y a une urgence sociale, porter à la connaissance d’autrui. Quant la proximité est trop grande, le risque de fusion n’est pas loin, il faut donc un tiers. Ce sera, alliance du même et de l’étrangeté, une proche avec laquelle on se comprendra à demi-mot. Les mots, les autres, seront ceux de Genet. C’est Anne Grandhomme, (on ne pouvait trouver mieux pour un tel auteur), qui sera l’assistante à la mise en scène.
Reste à monter un projet technique pour solliciter les bailleurs de fonds…
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