Entre promesses vertes et financement des énergies fossiles
— Par Sabrina Solar —
Les récents rapports sur le financement des énergies fossiles par les grandes banques françaises révèlent une réalité alarmante qui ébranle les fondements même des engagements climatiques. Malgré les discours en faveur de la durabilité et de la lutte contre le changement climatique, les données brutes peignent un tableau sombre de l’implication persistante des institutions financières dans le soutien à une industrie dont les effets néfastes sur l’environnement sont largement documentés.
Selon le rapport annuel « Banking on Climate Chaos », publié conjointement par plusieurs organisations internationales, la France se distingue comme l’un des principaux acteurs du soutien financier aux énergies fossiles à l’échelle mondiale. Entre 2021 et 2023, pas moins de 67 milliards de dollars ont été alloués par les grandes banques françaises à des projets liés aux énergies fossiles, plaçant ainsi le pays en deuxième position, juste derrière les États-Unis, dans ce triste classement.
Cette somme colossale de financements, répartie principalement entre quatre grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et la BPCE – représente près de 99% du soutien financier total aux énergies fossiles en France sur la période étudiée. Ces chiffres, bien que décourageants, soulèvent des questions fondamentales sur la cohérence entre les discours publics des banques et leurs actions concrètes en matière de lutte contre le changement climatique.
Ce soutien financier massif aux énergies fossiles s’avère d’autant plus préoccupant lorsque l’on considère l’impact dévastateur de cette industrie sur le climat et l’environnement. En effet, la combustion de charbon, de pétrole et de gaz est responsable de près de 90 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), contribuant ainsi de manière significative au réchauffement climatique et à ses conséquences désastreuses sur les écosystèmes et les populations.
Malgré les engagements pris par ces banques en faveur de la transition énergétique et de la neutralité carbone, leurs actions semblent contredire ces promesses. En effet, ces financements continuent de soutenir directement des projets fossiles qui vont à l’encontre des objectifs de l’accord de Paris sur le climat, visant à limiter le réchauffement global à moins de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.
Face à cette situation critique, il est impératif que les grandes banques françaises reconsidèrent leur politique d’investissement et réorientent leurs ressources vers des solutions énergétiques durables et respectueuses de l’environnement. Cela implique non seulement de cesser tout financement des énergies fossiles, mais aussi d’adopter une approche proactive en faveur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
En outre, ces institutions financières doivent rendre compte de leurs actions et de l’impact de leurs investissements sur le climat et l’environnement. La transparence et la responsabilisation sont essentielles pour garantir une transition juste et équitable vers une économie bas carbone et résiliente aux changements climatiques.
Enfin, il est temps que les gouvernements prennent des mesures concrètes pour réguler et encadrer les activités des institutions financières afin de les aligner sur les objectifs de l’accord de Paris et sur les impératifs de la science climatique. Les enjeux sont trop importants pour laisser les intérêts financiers à court terme primer sur la sauvegarde de notre planète et des générations futures.