Décès de Michel Crespin
— Par Géraldine Kornblum —
L’artiste Michel Crespin, concepteur, metteur en scène et scénographe urbain, considéré comme le père fondateur des arts de la rue, est décédé ce lundi 8 septembre à Château-Chalon (Jura), à l’âge de 74 ans.
Son nom était peut-être peu connu du grand public. Un nom qui pourtant restera à jamais gravé dans l’histoire des arts de la rue ; rien de ce qui existe aujourd’hui dans le paysage culturel en ce domaine ne lui est étranger. Fondateur du Centre national de création des arts de la rue Lieux Publics en 1982 à Marne-la Vallée (déplacé à Marseille en 1989) qu’il a dirigé pendant dix-huit ans, cofondateur avec Pierre Berthelot (codirecteur de la compagnie Générik Vapeur) de la Cité des arts de la rue à Marseille en 1995, initiateur de la Fai-Ar (formation avancée et itinérante des arts de la rue), il a été aussi le fondateur du festival international des arts de la rue d’Aurillac, qu’il a créé en 1986 et dirigé jusqu’en 1993 avant de passer la main à Jean-Marie Songy.
« C’était un inventeur et un visionnaire, sur une idée simple : l’art doit se rapprocher de tout le monde » a déclaré ce dernier à l’annonce de sa disparition. Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, lui a rendu hommage en ces termes : « Michel Crespin n’a eu de cesse de se battre pour la reconnaissance populaire et institutionnelle des arts de la rue, dont il restera l’une des plus éminentes personnalités (…) Il avait su comprendre et valoriser la singularité de ces écritures et de ces artistes qui ont choisi l’espace public comme terrain d’expression privilégié ». Commandeur des Arts et des Lettres, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, il était surtout un pionnier. C’est un grand artiste qui vient de quitter la scène. Et quelle scène !
Son théâtre à lui, c’était la rue toute entière, l’espace public dans toute sa complexité, la « ville scène ouverte à 360° » comme il se plaisait à la voir, à la définir et à l’entreprendre. « Cette scène est une scène qui te coule entre les doigts » affirmait-il, lui qui n’a cessé d’être un bâtisseur d’outils de création, de diffusion, de formation, de transmission, un créateur hors norme. « Entre le moment où j’ai commencé et maintenant, elle n’est plus la même. Physiquement elle s’est aseptisée, socialement les populations ont changé… Ce qui fait que la question qui est posée à l’artiste, s’il décide d’être sur cette scène-là, a changé et changera encore demain ». Michel Crespin a été sans aucun doute l’un des premiers à révolutionner le rapport scène-public, à casser les frontières entre l’espace de jeu et la place du spectateur.
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