Les aléas de la vie, aujourd’hui, ici et là-bas

ICI : Pénurie d’eau à La Martinique

Comment se laver régulièrement les mains, comment assurer l’hygiène, la sienne, celle de sa famille et de son domicile, comment rendre décent et supportable le confinement lorsque l’eau ne coule plus au robinet, qu’il est recommandé de se laver régulièrement les mains en un « geste-barrière » responsable et citoyen ? S’il en était besoin, la fiction nous rappellerait combien l’eau est le principe de toute vie, individuelle et collective. Combien elle est nécessaire, en tout temps, mais plus encore en ces jours sombres que nous vivons : nous avons pu revoir récemment à la télévision les films « Jean de Florette » et « Manon des Sources », inspirés de l’œuvre de Marcel Pagnol, où l’on nous montre comment le manque d’eau peut être mortel, et comme le tarissement des fontaines peut vite engendrer la colère et la panique de tout un village…

Extraits du journal France-Antilles Martinique

Depuis lundi, l’une des préoccupations quotidiennes des habitants touchés de plein fouet par les coupures d’eau est de s’approvisionner en eau. Certains vont à la rivière ou chez des proches, remplir des bouteilles et autres bidons. D’autres ont pris le parti de s’installer ailleurs, le temps que l’eau revienne au robinet.

La situation

Au Lamentin, des citoyens bravent le confinement pour avoir accès à l’eau. Certains quartiers de la commune, privés d’eau depuis six jours consécutifs (au 11 avril), voient leurs habitants contraints de se rendre à la rivière, dans la famille ou chez des amis résidant dans d’autres communes de l’île, pour récupérer quelques bidons d’eau ou tout simplement… se laver.

« A la maison, les stocks d’eau sont épuisés ».

Et en presque une semaine de robinets à sec, les stocks d’eau que tout Martiniquais a pour réflexe de constituer (en prévision d’éventuelles coupures d’eau mais aussi de la saison cyclonique) ont eu le temps de s’épuiser. Alors, acculés, ces résidents des quartiers durement touchés par les coupures d’eau, n’ont d’autre choix que de braver le confinement pour aller s’approvisionner. Ailleurs. 

Ainsi, en pleine crise sanitaire, à l’heure où ce vendredi (10 avril) était publié un rapport du conseil scientifique sur l’évolution du coronavirus dans les outre-mer qui estime « indispensable le maintien du confinement strict », certains de leurs citoyens n’ont plus d’autre choix que de faire entorse au « Restez chez vous » pour trouver de l’eau. 

Une explication : un réseau défectueux 

À les écouter, les Lamentinois de ces quartiers ne voient pas le bout du tunnel, exaspérés pour certains par la communication d’Odyssi qui justifie la situation en évoquant la sécheresse et des travaux sur le réseau interrompus par la crise sanitaire (lire ici). À Acajou, ou encore Basse Gondeau, la semaine qui vient de s’écouler devait compter trois jours de coupure. Dans la réalité, les habitants y sont privés d’eau depuis six jours consécutifs. Un vrai coup dur et qui met au jour, une fois de plus, et en pleine crise sanitaire, de graves dysfonctionnements dans la distribution de la ressource. Autant de coups de canif dans le droit d’accès à l’eau potable que dénoncent depuis plusieurs années des collectifs citoyens. Pointant notamment du doigt de sérieux manquements dans l’entretien du réseau de distribution et entraînant, selon eux, de nombreuses fuites.

Une réaction

Réagissant à cette délicate situation, les services de la Préfecture ont annoncé vendredi après-midi (10 avril), avoir « organisé une audio-conférence consacrée à la gestion de la pénurie d’eau » dans les zones critiques, à savoir non seulement Lamentin, mais également Vauclin, Ducos et Sainte-Luce. Outre la mise en place de citernes mobiles supplémentaires dans ces zones, « toutes les pistes techniques seront étudiées afin d’augmenter la production d’eau et de garantir l’équité des effets de la pénurie », précise le communiqué.

 

LÀ-BAS : Article paru sur le web journal « Jodia »

Les étudiants ultra-marins pris au piège du CROUS

Le gouvernement leur a demandé de ne pas rentrer au pays pour ne pas « propager » le virus, les assurant que leur loyer serait annulé. Sur le terrain, le loyer est demandé comme un mois normal.

Le député de Guyane, M. Gabriel Serville, alerte Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur l’effectivité des mesures de soutien prises en faveur des étudiants dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. En effet, par sa voix, le Gouvernement a annoncé le 19 mars dernier une série de mesures, au premier rang desquelles l’annulation des loyers d’avril pour les étudiants toujours logés dans les résidences universitaires gérées par les Centres régionaux des oeuvres universitaires (CROUS) car n’ayant pas pu rejoindre le domicile de leurs familles. Cette mesure concerne en particulier les ultramarins étudiant dans l’hexagone car contrairement à leurs camarades hexagonaux qui ont été invités à rejoindre le domicile familial, ces derniers étaient invités, la veille au soir mercredi 18 mars, à ne pas rentrer en Outre-mer pour éviter de véhiculer le virus dans ces territoires.

Or, il semblerait que le paiement de leurs loyers ait bien été exigé aux étudiants hébergés dans les résidences du CROUS en ce début de mois d’avril.

Aussi, le député demande à la ministre de prendre les mesures nécessaires pour que la parole de l’État soit respectée et l’engagement tenu, alors qu’une large partie des parents d’étudiants composent actuellement avec une baisse substantielle de leurs revenus en conséquence des mesures de confinement appliquées sur l’ensemble du territoire.

Fort-de-France, le 11avril 2020